Extrêmement court en effet : Extremely Short, vignette animée qui vient de faire sa première mondiale à la Quinzaine des cinéastes, ne dure que 5 petites minutes, générique inclus. C’est pourtant l’existence entière qui bouillonne dans ce soubresaut à la fois primitif et surréaliste. Extremely Short figure dans notre dossier consacré à nos courts favoris de Cannes. Le Japonais Kōji Yamamura est notre invité, et nous dit quelques mots sur film étonnant dont la tension est aussi insensée qu’existentielle.
Quel a été le point de départ d’Extremely Short ?
Il s’agit tout simplement d’une collaboration entre un écrivain japonais contemporain et un artiste d’animation, telle qu’imaginée à la base par Michael Emmerich (professeur de japonais à l’université de Los Angeles – UCLA, ndlr).
Qu’est-ce qui vous a amené à travailler en collaboration avec l’auteur japonais Hideo Furukawa ?
Eh bien comme je vous le disais, il se trouve que ce n’est pas moi qui l’ai pas choisi. L’idée en revient à Michael Emmerich. A la suite de quoi, c’est ce dernier et Hideo Furukawa qui sont entrés en contact avec moi. J’ai alors appris qu’Hideo Furukawa avait vu mon film de 2011, Muybridge’s Strings, et l’avait aimé.
Le style d’animation d’Extremely Short est à la fois minimaliste et plein de détails. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette combinaison inhabituelle et poétique ?
Je pense que l’une des raisons vient du fait que j’ai improvisé en suivant un fil d’images inconscientes. Quant à la méthode de dessin que j’ai utilisée, je pense pouvoir répondre à votre question en la décrivant ainsi : j’ai utilisé un pinceau et de l’encre japonaise pour capturer toutes les images de manière improvisée et holistique. J’ai ensuite ajouté des yeux à la gouache dorée et j’ai dessiné les détails avec un stylo à bille blanc très fin et un stylo à bille noir. J’ai dessiné directement sur du papier, une image à la fois, sans storyboards ni brouillons.
Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent le plus ?
J’ai tellement de cinéastes de prédilection et d’influences préférées qu’il est difficile de les énumérer, mais si nous incluons les cinéastes de toute époque, je citerais Jacques Tati, Alexei Guerman, Vitali Kanevski, Ingmar Bergman, Carl Theodor Dreyer, Jean Renoir, Robert Bresson, Yasujiro Ozu, Kenji Mizoguchi, Seijun Suzuki, Luis Buñuel, Federico Fellini, Eric Rohmer, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, Woody Allen, Hou Hsiao-hsien, Hong Sangsoo, Michael Haneke, Aki Kaurismäki, Kelly Reichardt, Yorgos Lanthimos et bien d’autres…
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent à l’écran??
Je regarde entre 300 et 400 films par an, je participe activement à des festivals de cinéma, je m’implique auprès de la jeune génération à l’université par le biais de l’éducation et je suis impliqué dans l’organisation d’un festival de films d’animation, donc je suis toujours à la recherche de nouveaux talents, et cette fois-ci j’ai rencontré beaucoup de grands talents à Cannes.
Entretien réalisé le 26 mai 2024 par Gregory Coutaut. Source portrait
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