Festival des Arcs | Entretien avec Katharina Mückstein

Katharina Mückstein, réalisatrice du film L'Animale

Découvert à la Berlinale en début d’année, L’Animale vient de faire sa première française au Festival de la Roche-sur-Yon. Sa réalisatrice, l’Autrichienne Katharina Mückstein signe ici son second long métrage. Celui-ci raconte l’histoire d’une garçonne qui va être chamboulée par ses désirs. Le résultat est un portrait familial à l’ambiguïté enthousiasmante. Katharina Mückstein est notre invitée de la semaine pour ce Lundi Découverte…

**Quel a été le point de départ de votre film L’Animale ?**

J’ai tourné mon premier film avec Sophie Stockinger quand elle avait 14 ans, et j’ai adoré travailler avec elle. Par conséquent, j’ai décidé d’écrire un nouveau film avec elle dans le rôle principal, mais un rôle qui nécessiterait une transformation. Le personnage de Mati est un tomboy, les mecs la considèrent comme l’un d’entre eux et elle fait de la moto. Sophie n’est pas du tout comme ça. C’était un défi de créer Mati, à la fois pour elle et pour moi. Et en même temps je savais que mon film allait traiter des questions d’identité, de genre, de sexualité et de quête d’une relation authentique.

L’Animale parle d’amour, mais l’amour ressemble souvent à une prison dans votre film. Comment avez-vous travaillé sur cette ambiguïté durant l’écriture ?

Je pense que ce que vous désignez comme de l’amour tient davantage du désir pour moi. Je crois que nos désirs posent avant tout deux questions : qui est-ce que je désire être, et avec qui ai-je envie d’être ? Ce sont des questions compliquées car notre culture a largement tendance à nous dicter les réponses, en essayant de garder chacun dans la norme. On est supposé vouloir être conforme à cette norme tout comme on est supposé désirer ce qui appartient à cette norme. Plus nous questionnerons les normes hétérosexuelles et patriarcales, plus nous trouverons l’authenticité. L’Animale est un film sur le courage qu’il faut pour s’émanciper des attentes des autres et commencer la quête pour sa propre authenticité – dans ce qu’elle a de plus animal.

Comment avez-vous abordé la mise en scène de cette histoire ?

J’ai travaillé avec le directeur de la photographie de L’Animale, Michael Schindegger, sur mon premier film et nous faisons tous les deux partie de la boite de production La Banda Film. Nous avons très tôt commencé à parler de la conception visuelle et nous avons passé beaucoup de temps à chercher des lieux de tournage ensemble. Nous voulions que la nature et la civilisation entrent en collision à chaque image, par conséquent nous avons cherché des lieux immergés dans la nature. Des espaces où les plantes et le ciment se rencontrent. Tout le travail sur la couleur concernant le décor et les costumes est lié à cette idée.