Berlinale | Entretien avec Julie Černá

Dans le court métrage d’animation Stone of Destiny, la Tchèque Julie Černá raconte l’histoire… d’une pierre chantante. Ce gros caillou semble être atteint d’une certaine mélancolie mais sa ritournelle est insouciante. Le trait enfantin et les blocs de couleurs ont quelque chose de naïf, mais cela ne limite pas l’imaginaire ambitieux de ce captivant ovni. Stone of Destiny est dévoilé dans la compétition courts métrages de la Berlinale. Julie Černá est notre invitée.


Qu’est-ce qui vous a donné envie de transcrire votre propre bande dessinée à l’écran, qu’est-ce que vous pensiez apporter à cette histoire ?

J’ai senti que le personnage de Stone of Destiny avait un grand potentiel, que je n’avais rempli qu’à moitié en en faisant une bande dessinée. Quand j’ai terminé cette dernière, les gens qui l’ont achetée m’ont dit qu’ils pouvaient s’identifier au personnage et à ses émotions. C’était un excellent retour pour moi et une motivation pour transposer cette histoire dans le format d’un court métrage, afin qu’elle puisse atteindre un public plus large. En réalisant un court métrage à partir de ma bande dessinée, j’ai pu retranscrire des sentiments plus profonds grâce à l’utilisation du son et de la musique, et l’impact émotionnel est plus grand.



Comment avez-vous trouvé l’équilibre idéal entre la « naïveté » du dessin et l’ampleur folle de l’imagination dans ce récit ?

C’est venu naturellement, j’ai dessiné ce que je ressentais. L’univers de Stone of Destiny est vaste, mais il a des règles visuelles spécifiques qui ont émergé inconsciemment au cours du processus de création. Le style d’animation lui-même est très subtil et ressemble à de l’action réelle, ce qui correspond bien au cadre surréaliste et à la conception des personnages.



Pouvez-vous nous en dire plus sur votre utilisation de la musique, et ce qu’elle apporte à l’atmosphère de votre film ?

La musique a été composée par Johana Novotná, qui a également donné sa voix à la pierre. Elle a créé une musique originale magnifique en mélangeant les genres et en utilisant des rythmes électroniques et de « vrais » instruments. Plus tard, elle a reçu une grande aide de notre concepteur sonore Juras Karaka, qui l’a aidée à tout mélanger en un son homogène. En utilisant le genre de la comédie musicale pour ce court métrage, j’ai voulu apporter un peu d’humour et d’espièglerie à cette histoire assez existentielle et mélancolique.



Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

J’adore le travail de Niki Lindroth von Bahr et son court métrage animé et musical The Burden m’a inspirée à utiliser ce genre également. J’adore aussi Stephen Vuillemin – son court métrage A Kind of Testament m’a époustouflée quand je l’ai regardé. En plus de cela, chaque jour, je me sens inspirée par mes camarades de classe au studio d’animation et de cinéma de l’UMPRUM à Prague. Ils et elles sont toutes et tous impatient•es d’expérimenter et d’explorer les possibilités de l’animation et j’ai beaucoup appris de chacun d’entre elles et eux.



Quelle a été la dernière fois que vous avez eu le sentiment de regarder quelque chose de nouveau, de découvrir un nouveau talent à l’écran ?

Lorsque je suis allée voir le forum de présentation du CEE Animation lors de l’Animateka en Slovénie, j’ai vu la présentation de Yiyang Sun de son prochain film The Foolish Fish Fable. Son excentricité ainsi que sa gestion originale de l’animation et des éléments visuels m’ont fait penser qu’elle était vraiment unique en son genre et ce projet m’a rendue très enthousiaste.


Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 9 février 2025. Un grand merci à Alexandra Hroncová.

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