Après avoir débuté dans le documentaire, la Française Josza Anjembe a plus particulièrement été remarquée grâce à son beau court métrage Le Bleu blanc rouge de mes cheveux qui a obtenu une nomination aux César. Son nouveau court, Baltringue, a à nouveau été cité aux César. Il raconte l’histoire d’Issa, qui s’apprête à sortir de prison mais fait la rencontre d’un nouveau détenu, Gaëtan. Finement observé, politique et romanesque, ce film produit par Yukunkun est à découvrir à l’issue de notre entretien et à l’honneur cette semaine à Chéries Chéris. Josza Anjembe est notre invitée.
« Vous êtes hors cadre » est une réplique qu’on entend dans votre précédent court Le Bleu, blanc, rouge de mes cheveux. Est-ce la dimension « hors cadre » du protagoniste de Baltringue, un homosexuel dans une prison où l’on rejoue les codes de virilité de la société, qui vous a motivée à raconter cette histoire ?
Je n’ai pas pensé le personnage d’Issa en pensant au Bleu. Ce sont deux films très différents. Ce qui m’a motivée, c’est la notion d’empêchement. Je me questionnais sur les mécanismes et/ou origines de l’homophobie et de la lesbophobie intériorisées. Je voulais explorer cette question, à travers une histoire que j’espère être singulière.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’écriture de ce court, et l’équilibre que vous avez trouvé entre ce qu’il raconte d’entravé (sur la prison, sur l’homophobie intériorisée) et la dimension romanesque de cet amour naissant ?
J’ai mené pas mal d’ateliers dans différentes maisons d’arrêt pour ce qui est de l’univers carcéral. Quant à l’histoire d’amour, si elle se déroule en prison, elle aurait très bien pu se dérouler en dehors car il s’agit qu’on le veuille ou non de notre société. J’ai donc simplement cherché à tendre vers du sensible, de l’intime, entre-les-lignes.
Comment avez-vous abordé la mise en scène de cet espace clos ?
La mise en scène est un travail d’équipe. J’ai eu la chance d’être entourée de merveilleux collaboratrices et collaborateurs. Par exemple, ma régisseuse générale Nathalie Japiot m’a permis de trouver les décors que j’avais en tête ; mon premier assistant, Brice Morin, a fait en sorte que nous puissions tourner dans ce décor qui était pourtant le lieu de vie d’une centaine de personnes et dans un temps qui permettait de faire le film. C’est à eux, et au reste de l’équipe que je dois ça.
Quels sont vos cinéastes préféré.e.s et/ou celles et ceux qui vous inspirent ?
J’aime le cinéma mais je ne suis pas cinéphile. Les cinéastes qui m’inspirent ? Alice Diop, Kelly Reichardt, Andrea Arnold, Barry Jenkins.
10 mois se sont écoulés depuis le discours d’Aïssa Maïga sur le manque de diversité dans le cinéma français. C’est un discours qui a été salué, mais il a été aussi accueilli par des réactions racistes. Avez-vous eu le sentiment qu’une prise de conscience a eu lieu depuis ?
Non. Il s’agit d’un problème structurel. Et structurellement, peu de choses bougent.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 21 décembre 2020. Un grand merci à Léa Chesneau.
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