Festival de La Roche-sur-Yon | Entretien avec Jacqueline Lentzou

Avec son court métrage énigmatique The End of Suffering (A Proposal), la Grecque Jacqueline Lentzou est l’une des découvertes de ces derniers mois. Découvert à Locarno, ce film met en scène une jeune femme au bord du point de rupture qui perçoit des messages de l’univers. Philosophie, cosmos et fantaisie se mêlent dans ce fascinant petit ovni. Sélectionnée cette semaine du Festival de La Roche-sur-Yon, Jacqueline Lentzou est notre invitée.


Quel a été le point de départ de The End of Suffering (A Proposal) ?

Une étoile rouge parmi des étoiles blanches.

Le mélange d’étrangeté, de fantaisie et de philosophie dans votre court métrage est assez inhabituel. Pouvez-vous nous en dire davantage sur le processus d’écriture d’un tel film ?

Le processus d’écriture consistait à essayer de créer un échange intérieur, dans lequel dialoguent deux sujets qui n’ont pas le même niveau de connaissances. D’une certaine façon, c’est un peu comme écouter l’enfant qui est en vous parler à ce que des analystes appellent un surmoi. Je me suis débarrassée de ce surmoi – car je ne suis pas friande de ce qu’il peut représenter – et à sa place, j’ai mis l’Univers qui sait et qui aime toujours. C’est une forme de sagesse. Une fois que j’avais créé cette prémisse, les mots volaient librement vers mon clavier. C’était fascinant.

Il y a une atmosphère onirique tout au long de The End of Suffering. Dans quelle mesure diriez-vous que le rêve est un bon outil pour composer un portrait très intime comme dans votre film ?

Comment définir une atmosphère onirique ? Les rêves sont uniques, ils ne se reproduisent pas et sont compliqués, exactement comme les individus qui les font. Par conséquent, « atmosphère onirique » me semble très vague pour moi. Les gens ont tendance à utiliser le mot « rêve » dans différents cas afin de décrire quelque chose de beau, doux, amical. Pourtant, la fonction des rêves est loin d’être amicale ; ils sont créés pour mettre en lumière des questions que nous avons trop peur d’affronter lorsque nous sommes éveillés. À cet égard, pour moi, les rêves sont un trésor d’une importance inestimable pour la psyché. L’or dont la psyché est faite est automatiquement celui dont l’art est fait. Alors, oui, bien sûr, la construction des rêves est un outil formidable pour l’intimité, l’abstraction, le cinéma dans sa meilleure expression. Je l’utilise. Mais pas dans ce film 🙂 .

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

Harmony Korine, Chantal Akerman, Jonas Mekas, John Cassavetes. Alan Clarke, Krzysztof Kieslowski. Je les aime parce qu’ils m’inspirent, et ils m’inspirent parce que je les aime. Ce sont mes amis.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

C’était à Nimègue, au Festival Go Short de 2019 où j’ai vu Hard On de Joanna Rytel. C’est exactement ce que j’ai ressenti : “quelque chose d’inédit”, à la fois dans son approche et dans les thèmes qu’elle aborde.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 4 décembre 2020.

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