C’était l’une des fascinantes étrangetés dans la sélection courts métrages de la dernière Quinzaine des Réalisateurs. That Which Is to Come Is Just a Promise est réalisé par le collectif Flatform, basé à Milan et Berlin, et dont les œuvres sont autant présentées dans des festivals de cinéma que dans des galeries d’art contemporain. Le film, en un long et lent mouvement hypnotique, raconte un phénomène climatique unique qui a lieu dans l’archipel de Tuvalu soumis aux inondations. Ils sont nos invités de ce Lundi Découverte…
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Quel a été le point de départ de That Which is to Come is Just a Promise ?
Le point de départ a été une news qu’on a lue il y a 10 ans. Celle-ci relatait le fait que l’archipel de Tuvalu était devenu le théâtre d’un phénomène assez unique : en raison du réchauffement anormal de la mer, l’eau salée s’est infiltrée sous terre, inondant les terrains et provoquant leur désertification. En raison de ce phénomène, le futur de ces îles est remis en question. La lecture de cette news a immédiatement donné naissance au projet, dans la forme qui est la sienne 10 ans plus tard.
Il y a une façon remarquable, à travers le travail sur le son, d’effacer la distance entre le spectateur et ce qu’il voit dans votre film. Pouvez-vous nous en dire davantage sur la façon dont vous avez abordé le son dans That Which is to Come is Just a Promise ?
Le son, dans nos films, a souvent cette double fonction de rapprocher ou d’éloigner le spectateur. C’est-à-dire que nous utilisons le son pour créer parfois un effet d’immersion, quand parfois au contraire nous l’utilisons comme une sorte de séparation. Cette utilisation, qui est centrale dans ce film, nous permet de mettre en lumière et d’amplifier les transitions entre l’anticipation et la surprise. Et ce mouvement-là est un des éléments essentiels du film.
Dans votre film, les différentes couches de temporalité nous font regarder le décor différemment. Comment avez-vous envisagé de filmer le décor et la nature dans votre film ?
Nous avons filmé les mêmes scènes avec une durée identique, les mêmes mouvements de caméra, les mêmes actions, les mêmes acteurs à trois moments différents et dans des situations environnementales totalement différentes. L’un des plus grands défis était d’avoir des séquences quasiment identiques, puis de les monter et composer ensemble afin d’obtenir une unique séquence fluide, avec de douces transitions entre la sécheresse et l’inondation (et vice-versa). Ainsi, le paysage et la nature donnent le sentiment de ne pas changer alors qu’ils changent pourtant radicalement.
Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?
Nous n’avons pas particulièrement de réalisateurs favoris ou qui nous inspirent plus que d’autres, seulement des films qu’on adore – et la liste est très longue.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
Cela n’arrive pas souvent, mais de temps en temps nous trouvons une œuvre qui nous semble particulièrement neuve et intéressante. Il y a quelques jours, cela nous est arrivé à la Quinzaine des Réalisateurs en voyant Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 30 mai 2019. Un grand merci à Gloria Zerbinati.
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