La Roche-sur-Yon | Entretien avec David OReilly

Invité d’honneur au Festival de La Roche-sur-Yon en 2017 où une exposition lui avait été consacrée, le réalisateur et créateur numérique irlandais David OReilly fait son retour avec le court métrage Corona Voicemails : Staying Home. Présenté en compétition, ce film est le résultat d’une expérience durant laquelle OReilly a mis en place un répondeur où des anonymes pouvaient laisser un message concernant leur expérience du confinement. Un logiciel créé par l’artiste a transformé les voix enregistrées en un kaléidoscope d’images. Le résultat parvient, d’une manière étonnante, à être émouvant et chaleureux. David OReilly nous en dit davantage sur ce projet hors-normes dans notre entretien.


Quel a été le point de départ de votre film ?

Le point de départ, c’était ma propre curiosité. J’étais curieux de connaître les expériences et les ressentis des gens face à cette crise, et ce peu importe où ils se trouvent dans le monde. A vrai dire j’en avais marre que ce soit encore et toujours les mêmes personnes qui soient invitées à parler de la pandémie, c’était tellement répétitif. C’était vraiment difficile de savoir ce qui se passait chez les vrais gens – alors je leur ai demandé directement. Je leur ai demandé me laisser des messages vocaux pour me donner leur point de vue.

Les personnes que nous entendons existent donc vraiment, et tous les messages sont authentiques et spontanés, c’est bien cela ?

Bien sûr, chaque message est réel. D’ailleurs vous savez, le numéro est toujours actif, n’importe qui peut encore appeler et laisser un message au +1 818 660 6106.

Quels étaient vos critères pour sélectionner les meilleurs messages ?

Je n’ai pas classé les messages en termes de meilleurs ou de pires, ce n’est pas comme cela que je les voyais. Certains parlaient davantage de travail, d’école, d’amour. Alors j’ai eu l’idée d’essayer de les classer par thèmes, et le regroupement s’est fait de façon presque organique à partir de là. Mon but était surtout de combiner les messages de façon efficace afin qu’ils puissent fonctionner les uns avec les autres et qu’ils créent un ensemble cohérent.

Quel genre de message vous a le plus surpris ?

Il y a un certain type de message qui était très difficile à intégrer : beaucoup de gens faisaient part de leur intentions suicidaires, et c’était vraiment dur à entendre.

Ce chœur de personnes partageant la même expérience est très chaleureux, mais il y a aussi de l’humour dans la musique et les visuels inattendu. Comment avez-vous envisagé votre équilibre idéal entre ces deux aspects ?

J’essaie juste de faire de mon mieux et d’arriver au meilleur résultat en fonctions des contraintes du projet.

Puisque c’est la question à laquelle tout le monde répond dans votre film : quel est votre ressenti face à la crise sanitaire actuelle ?

Cela a fait naître en moi le besoin d’accomplir autant de bonnes actions que possible avant de mourir.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot et Gregory Coutaut le 9 octobre 2020. Un grand merci à Gloria Zerbinati.

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