Toomas dans la vallée des loups sauvages est un court métrage d’animation totalement WTF dont le héros est un loup super beau gosse qui rend fou d’amour et de sexe toutes les créatures qui le croisent. L’esprit potache et iconoclaste de ce film est parfaitement jubilatoire. Toomas fait partie de l’excellent programme de courts métrages Plan cul la praline en salles dès ce mercredi 13 octobre, dédié à l’amour et au sexe sous leurs formes les plus surprenantes. Nous vous parlerons de cette réjouissante anthologie toute cette semaine. L’Estonienne Chintis Lundgren est notre première invitée…
En quoi votre expérience en tant que peintre vous a-t-elle été utile pour votre travail d’animation ?
Je pense que mes années en tant que peintre ont principalement influencé mon approche visuelle des choses. La façon dont je pense à la composition et l’obsession presque malsaine que j’ai avec des tons monochromes. Mes peintures ont toujours été très narratives, je pense qu’il est tout à fait logique que je sois passée d’images fixes à des images en mouvement.
Comment travaillez-vous en collaboration avec votre scénariste Drasko Ivezic ?
Nous vivons ensemble, ce qui rend le processus très organique (rires). Habituellement, j’arrive avec une idée et nous en discutons, probablement en étant assis dans la cuisine et en buvant du café. J’écris ensuite la première ébauche et je laisse Draško la lire. Il a toujours beaucoup de notes dont nous discutons ensuite, et nous essayons de trouver une solution. Quand nous avons commencé à travailler ensemble, j’étais souvent en colère contre ses commentaires, mais désormais, j’ai appris à ne pas le prendre trop personnellement. Le premier jet est toujours plein de trous, vous ne pouvez pas trop vous y attacher. Ensuite, j’écris une autre version. Et cela se répète un million de fois encore et encore. Parfois, il prend le script et réécrit des parties de celui-ci, voire il fait sa propre version. Mais le processus d’écriture ensemble se produit essentiellement lors des longues discussions sans fin que nous avons.
J’ai lu que l’une de vos sources d’inspiration étaient les films de sexploitation de Russ Meyer. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?
J’adore La Vallée des plaisirs (Beyond the Valley of the Dolls) de Russ Meyer. Il y a tant de personnages déchaînés et j’aime la façon dont le film tourne de manière inattendue au film d’horreur à la fin. Après avoir fait Manivald, qui était un film très calme et sobre, je voulais faire quelque chose de plus fou et depuis que j’ai eu l’idée d’utiliser le personnage de Toomas (un plombier sexy, également présent dans Manivald), il était logique d’aller dans la direction des b-films de sexploitation. J’ai regardé davantage de films de Russ Meyer, mais aussi un documentaire sur lui, qui m’a inspirée pour écrire le personnage d’Alejandro Hardon comme une sorte d’allusion de lui. Les noms des films d’Alejandro (toutes ces affiches sur ses murs), et bien sûr aussi le nom de mon film lui-même (Toomas Beneath the Valley of the Wild Wolves), sont des référence aux films de Russ Meyer. J’ai eu beaucoup de plaisir à les trouver.
Toomas Beneath the Valley of the Wild Wolves se déroule dans un univers que vous avez déjà exploré auparavant. Considérez-vous chaque film comme faisant partie d’une série ?
Je considère qu’ils font partie du même univers. J’ai beaucoup aimé Balzac quand j’étais plus jeune et une chose que j’ai vraiment appréciée dans ses livres était de savoir qu’un personnage pourrait être un personnage secondaire sans importance dans un livre, mais ensuite apparaître comme le protagoniste principal dans un autre. Cela m’a donné l’impression qu’il s’agissait de vraies personnes. Je veux créer un sentiment similaire dans mes films. Il y a aussi l’idée d’une véritable série sur laquelle nous travaillons, intitulée Manivald and the Absinthe Rabbits. C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, mais ça a été très difficile à financer. C’est considéré comme un projet commercial dans les pays d’où nous venons (l’Estonie et la Croatie), du coup il ne peut pas être financé par nos fonds cinématographiques locaux. Mais j’ai remarqué qu’il y avait de la lumière au bout du tunnel, alors peut-être, si nous avons de la chance, cette série se fera fait un jour.
Quel est le dernier film récent que vous avez vu et qui vous a donné l’impression de découvrir quelque chose de neuf ?
In Fabric de Peter Strickland. Un film si bizarre et si captivant !
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 9 septembre 2020.
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