Kermek, ancien escroc, et sa bien-aimée Eva veulent laisser derrière eux leur vie d’avant. Kermek a un rêve : construire un cinéma dans les montagnes. L’amour de Kermek pour Alain Delon sera t-il assez fort pour le tenir à l’écart des griffes redoutables de la mafia ?
Yellow Cat
Kazakhstan, 2020
De Adilkhan Yerzhanov
Durée : 1h30
Sortie : –
Note :
LE SILENCE DE LA STEPPE
Un fan de Melville erre dans la steppe kazakhe avec pour seul désir d’y ouvrir un cinéma. Yellow Cat du Kazakh Adilkhan Yerzhanov est une fable lunaire sur un naïf confronté à la cruauté du monde. L’humour à froid est rehaussé par le silence absolu qui paraît régner dans cette nature – tout dans Yellow Cat semble, pour citer l’un des précédents films du cinéaste, se dérouler dans la tendre indifférence du monde. Le vent frappe la steppe et les pieds nickelés qui peuplent le long métrage, qu’il s’agisse du héros ou des mafieux à ses trousses, doivent s’y faire.
Et ils doivent tenir debout : le burlesque est souvent physique dans Yellow Cat. Les bonhommes jouent les durs et essaient d’avoir la stature de Delon ou De Niro amoureusement cités, mais ils restent les antihéros d’une farce. Au tout début de Yellow Cat, Yerzhanov s’attarde sur une statue qui semble venir d’une gloire passée mais dont le bras pendouille misérablement. Les garçons se prennent au sérieux dans ce long métrage mais rien n’est si sérieux sous l’immensité du ciel.
Qui aujourd’hui filme les cieux comme Adilkhan Yerzhanov ? C’était déjà remarquable dans son précédent long, A Dark-Dark Man. Cela crève les yeux ici avec des plans d’une stupéfiante beauté où le ciel à perte de vue est rose, bleu, orange. Les poupées du cinéaste s’agitent en dessous, dans une boutique prête pour une dinette, dans une chambre qui a effectivement l’air d’appartenir à une maison de poupées. L’artifice est souvent assumé dans Yellow Cat, cela n’empêche pas le film d’être crispant lorsqu’il force sa poésie ou son humour. Mais la puissance esthétique de ses tableaux laisse souvent bouche bée et fait oublier les réserves.
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par Nicolas Bardot