Critique : What You Gonna Do When the World’s on Fire ?

Un an après la mort d’Alton Sterling, une chronique de la communauté Afro-américaine de Baton Rouge en Louisiane, durant l’été 2017, quand une série de meurtres violents agite le pays. Une réflexion sur la question raciale, un portait intime de celles et ceux qui luttent pour la justice, la dignité et la survie dans un pays qui les maintient à la marge.

What You Gonna Do When The World’s On Fire ?
États-Unis, 2018
De Roberto Minervini

Durée : 2h03

Sortie : 05/12/2018

Note : 

DIEU EST-IL ENDORMI ?

Après sa trilogie texane composée notamment de Stop the Pounding Heart passé par Cannes en 2013, le documentariste italien basé aux Etats-Unis Roberto Minervini s’est tourné vers la Louisiane pour The Other Side. What You Gonna Do When the World’s on Fire ? se déroule également en Louisiane et poursuit le portrait d’une Amérique qu’on serait tenter de qualifier de marginale… sauf que les sorts racontés dans What You Gonna Do When the World’s on Fire ? sont malheureusement communs. C’est l’effrayante réalité à laquelle sont confrontés bon nombre d’Afro-Américains que l’on raconte ici, allant jusqu’aux meurtres de Alton Sterling, Jeremy Jackson, Phillip Carroll et d’autres, ainsi qu’à la menace du KKK.

Un garçonnet ouvre le film et n’a peur de rien. What You Gonna Do est pourtant un film sur la peur, celle intégrée et intériorisé par une communauté dès la naissance. Très vite dans le film, deux jeunes garçons traversent une maison hantée et doivent se rendre à l’évidence : ils ont peur. Minervini compile des témoignages puissants sur la haine raciste et sur les discriminations. Sur aujourd’hui, mais aussi sur la dette des Etats-Unis comme des pays européens (Royaume-Uni, France, Espagne). On suit notamment une survivante d’une force à renverser les montagnes mais, prise dans un système épuisant, jusqu’à quand cette force contre les éléments l’animera t-elle ?

Minervini passe également du temps auprès des Black Panthers. Ses membres prennent le relais pour enquêter sur les crimes racistes qui s’accumulent. Ils s’investissent car l’abandon semble total. Le noir et blanc lisse les repères temporels, on parle pourtant bien d’ici et maintenant. Ce même noir et blanc lisse parfois aussi tout court, quelque part entre une volonté de magnifier les sujets mais aussi un manque d’aspérité visuelle. Reste cette question terrible et désarmée, posée par deux protagonistes : « Dieu est-il endormi ? ».

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par Nicolas Bardot

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