Berlinale | Critique : What Marielle Knows

Julia et Tobias semblent être le couple parfait. Mais derrière les apparences, un trouble gronde. L’équilibre fragile entre les deux est brisé lorsque leur fille Marielle développe soudainement des capacités télépathiques, lui accordant le pouvoir de voir et d’entendre tout ce que ses parents font, jour et nuit.

What Marielle Knows
Allemagne, 2025
De Frédéric Hambalek

Durée : 1h26

Sortie : –

Note :

LES PARENTS TERRIBLES

On ne peut rien cacher à la petite Marielle – littéralement. Depuis qu’elle a reçu une gifle lors d’une dispute avec une camarade, Marielle a le pouvoir de voir tout ce que ses parents font. La lose humiliante de son père sur son lieu de travail, les plans dragues (voire davantage) de sa mère avec son collègue préféré – tout. Le postulat du long métrage de l’Allemand Frédéric Hambalek, présenté en compétition à la Berlinale, est surnaturel mais, et c’est le principal contrepied de What Marielle Knows, ce n’est pas à proprement parler le moteur d’un film fantastique.

Dans les films de l’École de Berlin, le quotidien ultra-réaliste est regardé de telle façon que les récits finissent par avoir une vibration fantastique. What Marielle Knows (dont le style n’est pas du tout celui de l’École de Berlin) fait le chemin inverse : le super-pouvoir de l’adolescente est avant tout le point de départ d’un récit banalement réaliste. Il s’agit même d’une comédie, avec ses mensonges et petites lâchetés. Cette anomalie afflige la jeune fille mais surtout : elle humilie ses parents. La honte est ici un efficace moteur de comédie, a fortiori quand Hambalek fait preuve de mauvais esprit en écrivant des personnages d’adultes figés dans leurs postures et leur vernis social. La trajectoire logique voudrait que des adultes (et des parents !) apprennent au fil du film et deviennent meilleurs. Ici, ils paniquent et deviennent juste de plus en plus idiots – bien servis par leurs solides interprètes.

Si le long métrage reste dans des schémas plutôt anecdotiques (papa est-il un digne chef de famille, maman est-elle fidèle à papa ?), What Marielle Knows suggère quelque chose de plus cinglant : et si les enfants n’étaient pas dupes des échecs de leurs parents, de leur échec à être parent ? Allons plus loin : et si les enfants d’aujourd’hui, sachant à quel point les adultes qui les entourent échouent en tout, avaient plein de bonnes raisons de les détester ? Le regard impitoyable de Marielle semble reprocher bien plus que de simples affaires de bureau ou de coucheries. Voilà qui est laissé en suspens mais offre au film une dimension supplémentaire.

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par Nicolas Bardot

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