Critique : Vermiglio

Au cœur de l’hiver 1944. Dans un petit village de montagne du Trentin, au nord de l’Italie, la guerre est à la fois lointaine et omniprésente. Lorsqu’un jeune soldat arrive, cherchant refuge, la dynamique de la famille de l’instituteur local est changée à jamais. Le jeune homme et la fille aînée tombent amoureux, ce qui mène au mariage et à un destin inattendu…

Vermiglio
Italie, 2024
De Maura Delpero

Durée : 1h59

Sortie : 19/03/2025

Note :

MONTS ET VERMEIL

Vermiglio est le nom d’un village niché quelque part dans les Alpes italiennes. Vermiglio désigne aussi une chose qui est tout à fait absente du long métrage de l’Italienne Maura Delpero : une nuance de rouge. Le long métrage s’ouvre en effet dans la blancheur bleutée de l’hiver. La réalisatrice filme la fin du sommeil au petit matin, le petit déjeuner, une marche dans la neige, et nous rappelle l’habileté à raconter en silence dont elle faisait déjà preuve dans son précédent long métrage, Maternal.

Les premières paroles entendues dans Vermiglio sont des prières à l’église. C’est un monde très traditionnel que Maura Delpero dépeint : rural, au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale. Si le regard de la réalisatrice est chaleureux, elle n’enjolive pas le passé avec nostalgie. Les esprits sont bien d’époque, les femmes sont peu de choses. Vermiglio fait néanmoins le portrait profondément humain d’une communauté, où chacun•e est lié•e aux autres sur le toit du monde.

Maura Delpero manie de surprenants contraires avec une grande finesse. C’est un film au récit minimaliste qui se déroule dans un décor extraordinaire. C’est une œuvre délicate, d’une très grande beauté, mais qui se distingue également par sa rugosité. Le ton est tendre et les événements cruels. C’est ainsi : les saisons passent, on observe boucles et cycles. Le film mesure l’extrême fragilité des vies humaines, il y a seulement quelques décennies : ce sont les soldats morts ou abîmés, ce sont les bébés qui meurent tandis que naissent d’autres bébés.

Dans Vermiglio, l’arrivée d’un beau soldat va bouleverser la communauté. Un tel changement est une secousse dans ce lieu où le temps semble ralenti, et où les lettres n’arrivent jamais. Avec poésie et sensibilité, Maura Delpero, récompensée par le Grand Prix à la Mostra de Venise, raconte des vies secrètes, chuchotées. En creux, elle suggère également les vies espérées mais manquées, qu’on ne fait qu’entrapercevoir. C’est sûrement là que se trouve le rouge du titre : celui des blessures cachées et des passions tues.

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par Nicolas Bardot

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