Un journal intime documentaire dans lequel l’artiste conceptuelle Victoria Verseau retourne en Thaïlande où, en 2012, elle a bénéficié d’une chirurgie d’affirmation de genre.
Trans Memoria
France/Suède, 2024
De Victoria Verseau
Durée : 1h12
Sortie : –
Note :
MODE D’EMPLOI
L’œuvre de l’artiste pluridisciplinaire Victoria Verseau prend divers chemins et divers visages pour explorer l’intimité. Il n’est pas question de ses œuvres dans Trans Memoria, mais celles que l’on aperçoit en introduction évoquent des herbiers décalés, des accumulations archéologiques. Pour ce documentaire de cinéma, Verseau a choisi la forme familière du journal intime, mais c’est également d’une archéologie de l’intime dont il est ici question. Deux Victoria apparaissent a l’écran. Il y a celle d’il y a douze ans, en larmes dans sa chambre d’hôtel thaïlandaise à la veille d’une opération très attendue de réaffirmation de genre. Il y a aussi la Victoria d’aujourd’hui, de retour dans la même ville, dans la même chambre. Cette dernière est accompagnée de deux amies également trans, mais également d’un quasi fantôme : l’absence de Meril, une amie disparue et sans doute décédée.
Il y a donc une double enquête dans Trans Memoria, ou plutôt une double exploration car le documentaire est voilé d’une certaine mélancolie, comme un deuil face aux réponses et certitudes dont on sait qu’elles ne viendront jamais. La réalisatrice dit vouloir « documenter mon parcours tel qu’il a été » et de fait, il y a une place importante laissée ici aux descriptifs des étapes médicales et autres éléments objectifs. Comme dans ses œuvres, Verseau compile à l’image des lieux anonymes (chambres d’hôtels ou d’hôpital), et on ne peut que deviner les gloires et drames personnels qui s’y sont joués.
Cette confrontation de l’impersonnel et du personnel est parfois sèche, mais au-delà du concept, le film sait in fine se recentrer sur l’humain. Avec une honnêteté brutale, Trans Memoria n’occulte pas la violence des parcours des femmes trans qu’elle évoque ici. Il est question de douleurs physique, de « trou qui ne marche pas » et de suicide, même si ce dernier est évoqué dans un grand éclat de rires. L’échelle de ce document personnel demeure sans doute un peu réduite, mais il possède un ton doux-amer étonnant, prouvant que la réalisatrice sait faire naître la chaleur humaine même derrière de froides apparences.
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par Gregory Coutaut