
Landi et Mercedes vivent dans les marais de Zapata, une réserve de biosphère à Cuba. Afin de pouvoir nourrir leur enfant malade, Landi doit partir à la chasse aux crocodiles, laissant sa femme et son fils seul·e·s. Sur fond de trouble social et de pandémie mondiale, To the West, in Zapata suit une famille qui lutte pour survivre, dans un perpétuel mouvement de séparations et de retrouvailles.

To the West, in Zapata
Cuba, 2025
De David Bim
Durée : 1h14
Sortie : –
Note :
LES NUITS DU CHASSEUR
Vous n’avez jamais vu ça : voilà une promesse de cinéma particulièrement excitante – mais difficile à tenir. Mais au sujet de To the West, in Zapata, on peut le dire : vous n’avez jamais vu ça. Le documentaire du Cubain David Bim, qui fait sa première mondiale au Festival Visions du Réel, s’ouvre par l’image déjà saisissante d’un homme qui porte un crocodile enroulé sur son dos. Le protagoniste est au centre de l’image et va le rester ; nous le suivons alors qu’il marche et marche et marche dans un marais. Le film est immédiatement superbe : grâce au contraste de son noir et blanc mais aussi sa lumière frappante sur la végétation, l’eau, le corps émacié, les traits du visage.
Vous n’avez jamais vu ça : dans la scène centrale de To the West, in Zapata, on assiste à une chasse au crocodile, à mains nues ou presque – le héros se sert de ce qui ressemble à à peine plus qu’un filet à papillons. Ce n’est pas un spoiler, c’est l’histoire du film : dans cette réserve de biosphère à Cuba, Landi braconne des crocodiles pour survivre. David Bim filme cet exploit en plan séquence, et on ne sait pas ce qui est le plus fou : ce que Landi accomplit pratiquement à mains nues, plongé dans l’eau, ou ce que David Bim est parvenu à filmer. L’absence totale de peur se trouve quelque part à la frontière de la folie. Mais peu importe pour Landi, qui continue de marcher au cœur d’une nuit noire, éclairé au flambeau, dans des marais infestés de crocodiles.
Il y a une qualité presque mythique à ce que l’on voit, avec cet homme (le dernier sur Terre ?) affrontant des créatures terrifiantes. Mais il y a aussi ce qui ramène simplement au monde réel : Landi tente de subvenir aux besoin de sa famille, sa femme et son fils autiste qui vivent au loin. Cette balance entre les mondes se retrouve dans d’autres scènes : il n’y a guère d’indices contemporains dans une large partie de To the West, in Zapata, et tout à coup une radio donne des nouvelles de la pandémie de covid. Une nouvelle qui semble venir d’une autre dimension, ce qui n’est pas entièrement faux. David Bim nous immerge effectivement dans un autre monde, cette bulle dans laquelle survit cette famille, entre les flashs lumineux des éclairs et les nuages de moustiques. La vie se déroule, le cycle reprend. Cette expérience à nulle autre pareille laisse bouche bée.
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par Nicolas Bardot