Irlande. 1862. Une infirmière anglaise, Lib Wright, est convoquée dans un minuscule village pour observer ce que certains prétendent être une anomalie médicale ou un miracle – une jeune fille qui aurait survécu sans nourriture pendant des mois.
The Wonder
Irlande, 2022
De Sebastian Lelio
Durée : 1h43
Sortie : –
Note :
DÉMONS ET MERVEILLES
Sommes-nous dans une pièce de Brecht ou sur le plateau de Dogville ? Les premiers instants de The Wonder laissent entrevoir un décor et tous ses artifices. Une voix-off nous prépare à l’incroyable, nous suggère la foi qu’on doit avoir en ce récit qui bouscule la raison. C’est une promesse excitante, mais c’est, malheureusement, la seule surprise et la seule respiration du nouveau long métrage réalisé par le Chilien Sebastian Lelio.
Lelio, remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009 avec Navidad, a plus particulièrement été révélé à l’international avec son succès Gloria, en compétition à la Berlinale en 2013. Le cinéaste a confirmé ensuite avec son très beau Une femme fantastique, qui a reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2018. Depuis, Sebastian Lelio s’est tourné vers des projets en anglais tels que le très décevant Désobéissance ou Gloria Bell, film dans lequel Julianne Moore brille mais qui reste un remake d’un des propres films de Lelio.
Production irlandaise, The Wonder ne nous a pas semblé être un retour d’inspiration chez le cinéaste. The Wonder est adapté d’un roman signé Emma Donoghue dont plusieurs ouvrages ont été traduits en français parmi lesquels Room qui a lui-même été adapté au cinéma avec Brie Larson. On a pourtant le sentiment qu’il s’agit là d’une adaptation de pièce de théâtre tant l’essentiel de The Wonder passe par le texte – un curieux contresens pour un film sur le secret et l’indicible. Le film, par ailleurs, s’intéresse-t-il au bon personnage ? Pourquoi s’attacher à l’héroïne fascinée plutôt qu’à l’héroïne fascinante ?
Sans grand relief formel malgré sa photo soignée, sans tension malgré ses motifs horrifiques, The Wonder a du mal à faire passer son manque de générosité pour de la radicalité. Florence Pugh est impeccable comme toujours et la bande originale signée Matthew Herbert (collaborateur habituel de Lelio mais aussi de Björk ou Roisin Murphy) est remarquable, mais le résultat nous ordonne d’être subjugués plus qu’il ne nous subjugue.
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par Nicolas Bardot