Critique : Le Vingtième siècle

L’orée du XXe siècle marque l’ascension semée d’embûches d’un jeune William Lyon Mackenzie King au poste de premier ministre de sa nation bien-aimée : le Canada.

Le Vingtième siècle
Canada, 2019
De Matthew Rankin

Durée : 1h30

Sortie : –

Note :

LA BELLE ÉPOQUE

Premier long métrage du Canadien Matthew Rankin, Le Vingtième siècle vise ample et haut dès son ambitieux titre. C’est en fait le premier indice d’une farce qui n’est dupe de rien, qui parle du 20e siècle certes, peut-être même du 21e, mais dont la large part de fantaisie et de malice fait qu’il peut aussi tout à fait parler d’autre chose. Le film raconte les mésaventures d’un jeune homme qui se rêve premier ministre de son bien-aimé Canada et qui est (on l’imagine) très librement inspiré du vrai William Lyon Mackenzie King. Les idées complètement extravagantes qui peuplent le long métrage ne laissent pas vraiment de doute : il ne s’agit pas d’un biopic classique réalisé par Tom Hooper.

Le Vingtième siècle est un véritable régal pour l’œil. Sa direction artistique est rutilante et léchée, et le soin esthétique, notamment de son générique, semble puisé dans les Disney de l’âge d’or. Dans cet ovni filmé en 16mm et en Super 8, on pense inévitablement à Guy Maddin, né comme Rankin à Winnipeg. L’hommage a parfois des allures d’exercice de style mais le film n’est pas qu’un décalque et parvient à trouver son ton, notamment dans la comédie bouffonne.

Pour raconter une sorte de course au meilleur robot du totalitarisme, Matthew Rankin privilégie le rire et plus précisément la subversion fantaisiste du camp. Il y a dans Le Vingtième siècle du queer à moustaches à tous les étages, maman semble échappée de Baby Jane et même le complexe d’Oedipe est camp. Cette dimension camp comme le délicieux kitsch Technicolor rendent encore plus grotesques les concours de virilité auxquels les protagonistes s’adonnent – et c’est peut-être là que le miroir déformant est le plus fidèle à une lecture réaliste du monde. Le Vingtième siècle sur la longueur manque malheureusement de souffle et de relief mais son charme est prometteur.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article