Confronté au racisme ordinaire, un jeune homme noir doit surmonter la colère, l’aliénation et le désespoir pour trouver sa propre humanité.
The Sleeping Negro
Etats-Unis, 2021
De Skinner Myers
Durée : 1h13
Sortie : –
Note :
SOMMEIL LOURD
The Sleeping Negro s’ouvre par les mots de James Baldwin affirmant au début des années 60 qu’être un Noir aux États-Unis, en ayant conscience de ce que cela veut dire, c’est être dans un état de rage quasi permanent. C’est le sujet du long métrage de Skinner Myers dont le héros (qu’il incarne lui-même) se heurte à un racisme omniprésent et arrive au point de rupture. On le découvre pourtant, au tout début du film, non seulement dans un profond sommeil mais comme en lévitation. The Sleeping Negro raconte le réel, et comment l’on se cogne dedans.
Les problématiques abordées par Myers sont aussi fortes qu’actuelles. Mais comment les articuler ? Dès sa voix-off, le long métrage est dans le commentaire. Il y a des choses à dire, mais il reste aussi un film à faire. Un premier interlocuteur (un ami, noir, républicain) rend visite au héros. Puis une interlocutrice (sa petite amie, blanche, qui n’imagine pas pouvoir être raciste). Chaque personnage est réduit à une fonction illustratrice qui réduit le film à un exposé. Rien de ce qui est dit n’est faux, mais ces figures restent des archétypes utilisés mécaniquement avant d’être des personnages et, malgré ses bonnes intentions, The Sleeping Negro ressemble à une dissertation scolaire où l’on pourrait presque sentir les différentes parties et les sauts de ligne.
Le doppelgänger qui apparaît dès le début du film enfonce le clou : à la voix explicative du héros succède plus tard celle de son double, et sur l’explication se plaque une explication supplémentaire. On parle, à raison, de la nécessité d’une révolution dans The Sleeping Negro. On aimerait aussi que cette révolution emprunte davantage des moyens de cinéma, et moins ceux d’un thread sur Twitter.
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par Nicolas Bardot