Un chef de construction est retrouvé mort après une manifestation contre la destruction d’anciens immeubles. Un policier enquête sur ce mystère…
The Shadow Play
Chine, 2018
De Lou Ye
Durée : 2h05
Sortie : –
Note :
L’OMBRE D’UN FILM
Cela fait deux ans que The Shadow Play du Chinois Lou Ye est retoqué par la censure. Deux ans que le film est monté et remonté. On se demandait où était passé le cinéaste depuis la réalisation de son très beau Blind Massage, primé à la Berlinale en 2014 puis couvert de prix en Asie. Eh bien il a tourné The Shadow Play, a passé une éternité à le remonter, si longtemps qu’il a même filmé un autre long métrage depuis : Saturday Fiction avec Gong Li. Malheureusement, le development hell de The Shadow Play se sent et se voit.
The Shadow Play s’ouvre pas une scène où la brume comme un voile blanc dissimule l’image et les personnages. C’est, ironiquement, un bon résumé du film. Passée l’énergie du prologue, le montage est du point de vue narratif un bazar incroyable aux portes de l’abstraction. Blind Massage était déjà un film où le montage était un outil narratif-clef, apportant une vivacité et une grâce à l’image et ses personnages. Dans The Shadow Play, on pense davantage à un carambolage géant qui ne s’arrête jamais, avale le temps, est haché par des plans de 1, 2, 3 secondes. Et lorsque Lou Ye filme un accident de voiture, on est au bord d’une hystérie cartoonesque qui donne l’impression que les yeux des personnages vont sortir de leurs orbites comme dans un Bill Plympton.
Le plus terrible dans ce gâchis : il y a un squelette de film qui apparaît ici ou là, des indices et des traces, et ce film-là semble très beau. On croise dans The Shadow Play une jeune femme portant une perruque qui nous renvoie à la sirène de Suzhou River, qui a révélé le cinéaste il y a bientôt 20 ans. Un fantôme qui nous revient, et qui traverse ce film fantôme. L’exercice en est presque fascinant. Mais on espère revoir vraiment un film de Lou Ye bientôt.
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par Nicolas Bardot