Chaque soir à la fin de la journée de travail, un homme de 50 ans rentre chez lui dans la banlieue de Melbourne.
The Plains
Australie, 2022
De David Easteal
Durée : 3h00
Sortie : 12/04/2023 (sur Mubi)
Note :
BLA BLA CAR
The Plains est un film situé intégralement dans l’habitacle d’une voiture et pourtant (ô surprise) il ne s’agit pas d’un film iranien. C’est d’Australie que nous vient cet exigeant documentaire, premier long métrage du cinéaste David Easteal. Des paysages australiens, on ne verra pas grand chose qui ressemble à une carte postale. Immobile et posée au milieu de la banquette arrière, la caméra capte pourtant autant ce qui se passe à l’intérieur de la voiture que de l’autre coté du pare-brise, mais les lieux que traversent Andrew et David pourraient tout aussi bien se trouver à n’importe quel endroit du globe : voies rapides, bretelles d’autoroutes, enseignes lumineuses familières et parkings anonymes.
The Plains a beau posséder une durée remarquable (3 heures tout rond), et avoir été tourné sur une période également hors-normes (une année entière) le film s’intéresse à quelque chose qui n’a a priori rien d’exceptionnel : une compilation des trajets quotidiens d’un homme d’une cinquantaine d’années et de son jeune collègue, bien content de profiter de ce covoiturage. A vrai dire, c’est même si banal dans sa répétition qu’on se demande un peu où le film va aller, et à quel rythme. Andrew, (l’ainé) possède une voix chaleureuse et maîtrise l’art de la conversation, mais sa curiosité possède quelque chose de paternaliste qui rend l’intérieur du véhicule un peu claustrophobe.
Le dispositif de The Plains est d’une radicalité qui n’autorise pas beaucoup de variation : le cadre de l’image ne bouge jamais (et vu que nul ne s’adresse à la caméra, on se demande si les deux bonshommes sont même conscients qu’elle est encore là), les décors et les anecdotes de travail restent les mêmes, tournant en boucle dans une sorte d’hypnose. Puis, il se dessine progressivement quelque chose d’amer et émouvant à travers ces échanges maladroits, timides ou brusques. Ce que dévoile la caméra de The Plains en captant autant les lourds silences que les dialogues, c’est justement la difficulté d’interagir avec autrui, le réflexe de dresser des murs (ou plutôt des plaines désertes) entre soi-même et les autres, même ceux que l’on fréquente au quotidien.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Gregory Coutaut