Festival Visions du Réel | Critique : The Pawnshop

Le quotidien d’un magasin d’occasion en Pologne.

The Pawnshop
Pologne, 2022
De Łukasz Kowalski

Durée : 1h18

Sortie : –

Note :

SHOPPING FOLIES

Il y a quelques années, dans son documentaire Hier Sprach der Preis, l’Autrichienne Sabrina Jäger racontait le crépuscule d’un magasin de bricolage où tout était amené à disparaître. Derrière l’absurdité d’une machine capitaliste exsangue, derrière le rire jaune provoqué par celle-ci, se cachait (à peine) une violence sociale. The Pawnshop du Polonais Łukasz Kowalski ne dépeint pas un magasin d’occasion au bord de la fermeture, mais il semble difficile de maintenir l’affaire à flot. On peut y trouver les objets les plus improbables et c’est déjà là l’une des poésies du lieu et du film : se demander quoi faire d’une belle dent de mammouth, ou voir des gamins d’aujourd’hui se retrouver avec une peluche Alf sur les bras.

The Pawnshop est également une comédie sur l’inadaptabilité. Ceux qui y travaillent se demandent comment refourguer leurs bibelots, ceux qui viennent vendre leurs vieilleries ne trouvent que les arguments les moins convaincants, et la caméra de Kowalski saisit ce petit théâtre avec vivacité. Il n’est pas tant question de condescendance que de force de survie : on parle d’ailleurs de la « rue de la Persévérance » qui ne serait pas loin du magasin.

Les baudruches festives explosent mollement une à une, on ne sait guère si l’on doit craindre une inondation ou un incendie. Mais bille en tête, les protagonistes se débattent. Le moment le plus éloquent arrive probablement lorsque les vendeurs organisent une sorte de showroom à ciel ouvert afin de vendre leur camelote. Vient alors une succession de plans sur les multiples spectateurs, témoins et voisins, traduisant leur intérêt, leur indifférence, leurs sentiments interloqués. The Pawnshop parle davantage d’un système inepte que d’un magasin loufoque ; certes on peut en rire mais le cinéaste met le doigt sur un épuisement débilisant et une course dans le vide.

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par Nicolas Bardot

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