Critique : The Crossing

Peipei est une lycéenne de 16 ans qui vit avec sa mère à Shenzen et étudie à Hong Kong. Avec sa meilleure amie Jo, elles rêvent de vivre un jour de Noël sous la neige au Japon. Alors que Peipei cherche du travail pour financer ce voyage, le petit ami de Jo lui propose de se faire de l’argent en passant illégalement des téléphones portables par la frontière. D’abord craintive, Peipei prend de l’assurance quand les entrées d’argent se font plus importantes…

The Crossing
Chine, 2018
De Bai Xue

Durée : 1h39

Sortie : 12/08/2020

Note : 

LA FILLE SUR LE PONT

Très remarqué depuis quelques mois en festivals, The Crossing vient de faire sa première européenne à la Berlinale. La réalisatrice chinoise Bai Xue (lire notre entretien) signe un beau récit d’apprentissage à l’écriture assez classique. Mais le film parvient très subtilement à faire le portrait d’une jeune fille à un âge clef de sa vie comme à décrire le fossé qui peut séparer des mondes si loin si proches que sont la Chine continentale et Hong Kong. La traversée du titre est multiple dans ce long métrage où la jeune héroïne fait des va-vient entre ces deux espaces tandis qu’elle se situe à une intersection dans son existence.

Peipei, 16 ans, et sa meilleure amie lookée comme Rosette, rêvent de Japon et de saké. Elles sont trop jeunes pour avoir de l’argent et se payer un billet d’avion – mais le film décrit en creux des différences de classe et comment celles-ci peuvent s’exprimer. Que peut, par exemple, signifier l’usage du mandarin ou du cantonais au-delà de l’endroit où la langue est employée ? Il y a ici un mélange de naïveté adolescente où l’on apprend en faisant l’école buissonnière mais aussi de noirceur face au monde tel qu’il est, et qui donne du relief au récit.

Peipei a beau avoir un visage de poupée, c’est d’un monde de requins qu’elle pousse la porte. Voilà l’autre traversée décrite par The Crossing, de la légalité et l’illégalité, de la société en plein jour à celle clandestine de la nuit. Séduisante, à l’image de la belle mise en scène de Bai Xue – et lors d’une virée nocturne, une vue panoramique de Hong-Kong donne le sentiment de contempler un territoire du futur. Mais dangereuse aussi, surtout pour les jeunes filles qui ne font pas la différence entre une étoile filante et un avion qui passe dans le ciel. Voilà un premier essai sensible et prometteur.

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par Nicolas Bardot

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