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Pour échapper à une relation abusive, Gal met ses deux jeunes enfants dans son chariot de recyclage qu’elle utilise pour ramasser les ordures dans les rues de la ville et s’enfuit. Seule et confrontée à des dangers, elle tente de convaincre ses enfants qu’ensemble, ils partent à l’aventure.
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The Best Mother in the World
Brésil, 2025
De Anna Muylaert
Durée : 1h45
Sortie : –
Note :
MAMAN DÉCHIRE
En France, on a pu remarquer la réalisatrice brésilienne Anna Muylaert avec deux films qui sont sortis chez nous il y a quelques années : Une seconde mère puis D’une famille à l’autre. Deux comédies dramatiques vibrantes, aux personnages mémorables, et qui redistribuaient de manière subtile les cartes des représentations familiales. Son nouveau film, The Best Mother in the World, dévoilé en première mondiale à la Berlinale, semble s’inscrire dans la même lignée, avec sa maman dont les qualités sont vantées dès le titre.
Dès la première scène du long métrage, Gal est amenée à décliner son identité. Ce moment de présentation est aussi une scène où l’héroïne au visage abîmé s’apprête à déposer une plainte contre son mari. Avare de paroles, Gal n’a-t-elle pas les mots pour s’exprimer ou n’en a t’elle pas besoin ? Son regard fier et intense est suffisamment éloquent. Gal porte littéralement le monde sur ses épaules : elle ramasse les ordures certes, mais elle déplace aussi ses enfants comme des rois sur un char – ce même char qui sert à récolter les déchets. Peu après, mère et enfants font un tour de grand huit, une nette allégorie de ce qui les attend dans la vie.
La fête foraine, la supérette, les sacs poubelle multicolores : The Best Mother in the World reste chatoyant même pour dépeindre un quotidien difficile. Gal promet selon ses propres termes une « grande aventure » à ses enfants et le film pose la question du ré-enchantement de la vie de tous les jours. Ce n’est pas une mince affaire quand on est une femme pauvre, confrontée à un compagnon violent. Le film se met hélas à stagner lors d’une scène familiale festive, auprès d’un compagnon dont ni Gal ni le film ne savent vraiment quoi faire. Il manque à nos yeux un peu de la fluidité scénaristique qui a fait les succès de Muylaert. Le long métrage examine néanmoins avec chaleur des personnages soumis à des violences systémiques, s’interrogeant avec humanité sur le difficile apprentissage de la liberté.
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par Nicolas Bardot