Varvara, professeur de philosophie, discute du concept de la mort de Dieu avec ses étudiant.e.s. Elle reçoit la visite de sa sœur Angelina, une éminente gynécologue qui a été rappelée de Moscou et envoyée dans une autre ville, où elle doit réduire le nombre d’avortements. Peu de temps après, une fille vient la voir à l’hôpital et lui demande de pratiquer un avortement, affirmant qu’elle porte l’Antéchrist dans son ventre.
Les Âmes propres
Allemagne/Moldavie, 2024
D’Anja Kreis
Durée : 1h35
Sortie : –
Note :
MÈRES PARALLÈLES
La réalisatrice russe Anja Kreis (lire notre entretien) s’était distinguée avec Folle nuit russe, sorti chez nous en 2019. Cette comédie grinçante et politique mettait en scène la panique inconsciente et contagieuse de quelques voisins à l’’approche d’une double apocalypse : le passage à l’an 2000 et l’arrivée au pouvoir de Poutine. Les Âmes propres semble se dérouler dans un coin de Russie similaire, une ville isolée où rien n’est simple et tout est prétexte aux vexations les plus grotesques, au point qu’on ne sait plus si on doit rire ou pleurer. Pourtant, en dépit de quelques gags, le ton des Âmes propres n’est pas à la fête, et si l’on en croit les codes de mise en scène utilisés dans la séquence d’introduction, on serait même plutôt en plein film de genre.
Dans cette région un peu trop traditionnelle, les deux personnes ayant le plus de jugeotte sont les sœurs Varvara et Angelina. Varvara, la blonde, est professeure de philosophie spécialisée dans la mort de Dieu (déjà tout un programme). Angelina, la brune, est gynécologue et pratique des avortements dans une clinique. La première doit faire face à un élève à moitié taré qui lui explique que Dieu est toujours vivant, l’autre se coltine une patiente complètement tarée persuadée d’être enceinte de l’antéchrist. La piste horrifique suggérée par la scène d’ouverture est ainsi relancée, enfin, … pour finalement être à nouveau abandonnée. La variation de registres est un talent, et Kreis en avait déjà fait la preuve, mais ce demi tour là ressemble à une promesse non tenue. Tant pis.
Les Âmes propres reste bien davantage un drame cinglant qu’un film de genre, et c’est déjà pas mal. On retrouve ici le regard piquant que la cinéaste porte sur le poids de l’Histoire, des traditions et autres valeurs. Entourées de machos plus ou moins débiles, les deux héroïnes semblent d’ailleurs toujours sur le point de lever les yeux au ciel. L’articulation des deux récits parallèles manque parfois un peu de fluidité. Les rouages grincent au moment de mettre en branle le récit et surtout de le conclure ; cela finit par nuire au vrai capital sympathie de ce film féministe, qui peut se lire comme l’allégorie d’un société devenue folle, où mères et enfants ne se reconnaissent même plus.
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par Gregory Coutaut