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La petite fille de Darren a disparu. Lorsque des images mystérieuses apparaissent, Darren soupçonne son voisin Goh, d’être le voyeur lié à la disparition de sa fille. De plus en plus inquiet, Darren décide de traquer Goh…
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Stranger Eyes
Singapour, 2024
De Siew Hua Yeo
Durée : 2h05
Sortie : 25/06/2024
Note :
LES YEUX DANS LES YEUX
Le Singapourien Yeo Siew Hua a été plus particulièrement remarqué sur la scène internationale avec son second long métrage, Les Étendues imaginaires, qui a remporté le Léopard d’or à Locarno avant de sortir dans les salles françaises en 2019. Stranger Eyes, son nouveau film, figurait dans la compétition de la dernière Mostra de Venise. On y retrouve la patte du cinéaste des Étendues : ici des motifs de polar dans un film qui n’en est pas vraiment un, ainsi qu’un jeu sur le point de vue et sur le trouble des certitudes.
Stranger Eyes débute en effet par un double mystère : d’abord la disparition inexpliquée d’un enfant, ensuite l’apparition de vidéos mettant en scène la famille de cet enfant – des images intimes prises par un mystérieux inconnu. Un point de départ mi-Lost Highway, mi-Caché, dans un film qui prend naturellement la forme d’une enquête (qui a enlevé l’enfant ? Qui regarde qui ?) pour se diriger peu à peu vers autre chose. La tension dans Stranger Eyes ne vient pas tant d’un suspens à proprement parler, mais de l’inexpliqué, ce qui constitue un pari assez ténu que le film ne tient peut-être pas toujours entièrement sur la longueur.
Tout le monde se regarde à distance dans Stranger Eyes, personne ne se regarde soi-même d’assez près. Le film dépeint la solitude d’un protagoniste, ou les fêlures d’un couple, tandis que chacun regarde ailleurs. Tous les yeux de la ville regardent, mais plus les caméras filment, plus les choses sont irréelles. Ce n’est pas seulement la présence de Lee Kang-sheng qui rappelle par moment la radicalité sans dialogues à la Tsai Ming-liang. Visuellement séduisant, avec un travail sur les couleurs qui rappelle parfois la réussite des Étendues imaginaires, le film est également bercé par l’étrangeté de ses percussions musicales. Un rien languissant sur ses plus de deux heures, Stranger Eyes se déploie néanmoins de manière stimulante et inattendue.
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par Nicolas Bardot