Festival de Bucheon | Critique : Strange Darling

Rien n’est ce qu’il semble être lors de cette aventure d’un soir qui se transforme en un enchaînement de meurtres brutaux.

Strange Darling
Etats-Unis, 2023
De JT Mollner

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

COURS APRES MOI QUE JE T’ATTRAPE

En plan rapproché, une jeune femme blonde apeurée court au ralenti, visiblement poursuivie par quelque chose ou quelqu’un de très dangereux. Le réalisateur américain JT Mollner n’a pas peur de prendre pour point de départ une image particulièrement archétypale, comme s’il lançait un défi ou un clin d’œil à tous ceux pour qui les films d’horreur, c’est toujours les mêmes clichés sexistes. L’important ici, ce n’est pas la ligne de départ, ce sont les virages. D’ailleurs, un avertissement de taille : cette course-poursuite surprenante à souhait s’apprécie mieux en en sachant le moins possible.

Sans trop en dévoiler, on peut dire que le plaisir que prend Mollner à nous tenir par la main d’un côté (toutes ces couleurs vives rendent le film très agréable à l’œil) et à nous perdre de l’autre (le scénario contient bien des surprises) est contagieux. On n’ira pas jusqu’à dire que Strange Darling réinvente la roue du film de tueur fou, mais il arrive à la faire rouler dans ses propres directions avec ludisme.

Le film n’est pas exempt de maladresses. Outre le manque de légèreté de certains effets sonores et musicaux, la structure particulière du récit oblige à passer à plusieurs reprises par une incertitude un peu inconfortable quant au point de vue du cinéaste sur les violences sexuelles infligées à son héroïne. On craint un moment que Strange Darling soit crassement maladroit sur la question du consentement, mais là encore, le film a suffisamment de ressources pour retomber sur ses pattes (sans non plus devenir un exemple de féminisme radical pour autant). Le résultat remplit sympathiquement les promesses fun, superficielles mais cathartiques qu’on peut attendre d’une séance de minuit.

par Gregory Coutaut

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