Lyz, 15 ans, vient d’intégrer une prestigieuse section ski-études du lycée de Bourg-Saint-Maurice. Fred, ex-champion et désormais entraîneur, décide de tout miser sur sa nouvelle recrue. Galvanisée par son soutien, Lyz s’investit à corps perdu, physiquement et émotionnellement. Elle enchaîne les succès mais bascule rapidement sous l’emprise absolue de Fred…
Slalom
France, 2020
De Charlène Favier
Durée : 1h32
Sortie : 19/05/2021
Note :
BLANCHE-NEIGE ET LE CHASSEUR
On craint au début de Slalom une métaphore lourdement plaquée entre le sport et la vie. La jeune Lyz va devoir apprendre à slalomer de mieux en mieux, sur la piste enneigée comme dans son quotidien. « Va falloir que tu t’accroches, personne te fera de cadeau » lui lance son entraineur – et le clin d’œil semble déjà trop appuyé. Le coach, lui aussi, avec sa méthode de harcèlement monomaniaque à la Whiplash, saute à pieds joints dans le stéréotype et nous fait craindre un propos aussi toxique que dans le film de Damien Chazelle. Le premier long métrage de Charlène Favier, fort heureusement, va plutôt slalomer ailleurs.
Des montagnes, régulièrement, se dressent et barrent l’horizon de Lyz. Ce pourrait être une respiration et un panorama superbe, mais la jeune fille semble prisonnière dans ce chaudron. La relation entre la jeune sportive et son coach glisse jusqu’à la rupture et Favier détourne la complaisance un temps redoutée (ce mythe du « il faut torturer pour performer ») et traite plutôt habilement de l’emprise que l’un a sur l’autre.
Noée Abita, découverte dans Ava, se tire avec talent d’un rôle compliqué, assez taiseux, et qui pourrait facilement être incarné de façon monolithique. Elle offre à Lyz sa vibration et ses grands yeux expressifs. Favier accompagne la progression narrative d’élégantes lumières dramatiques. Dans ses procédés, le film nous semble encore un peu classique, lisse, et cherche sa personnalité. Mais son récit est habité de manière convaincante et plus subtile qu’on ne l’imagine.
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par Nicolas Bardot