TIFF 2022 | Critique : Silent Land

Un couple de bourgeois polonais se rend en vacances en Sardaigne. Mais rien, dans leur villa de rêve, ne se passera comme prévu.

Silent Land
Pologne, 2021
De Aga Woszczyńska

Durée : 1h53

Sortie : prochainement

Note :

TÉMOINS MUETS

C’est un jardin de vacances paradisiaque, quelque part en Sardaigne, que l’on peut admirer dès les premiers plans de Silent Land. Mais très vite, les volets rouillés couinent péniblement et l’on s’aperçoit que la superbe piscine est vide. Un couple de trentenaires très propres sur eux (elle, une élégance éthérée, lui, athlétique et soigné) va passer un séjour qui ne correspond certainement pas à leurs attentes. La Polonaise Aga Woszczyńska raconte la désagrégation progressive d’un couple confronté à un événement tragique. Mais cette désagrégation a ceci de particulier qu’elle se déroule dans un curieux silence.

Tout est trop silencieux dans Silent Land et c’est bien de là que vient la bizarrerie. Les nuages passent, placides, et on finit par les observer comme s’ils étaient au ralenti. Dans ce silence, Anna et Adam n’ont que leurs pensées à écouter. Face au drame, on note d’abord une forme d’indifférence cynique. Mais Woszczyńska examine finement l’effet progressif sur ses protagonistes : le malaise, le refoulement, la panique. Cette histoire de couple pourrait venir d’un Ruben Östlund mais le vertigineux marasme emprunte peut-être davantage à un certain cinéma autrichien.

Les choses, peu à peu, se mettent à ne plus avoir de sens – comme les certitudes. Woszczyńska observe ce basculement avec un certain talent. Par le choix de cadres, par une écriture qui privilégie la retenue au spectaculaire, la cinéaste parvient à donner une tension à cette atmosphère léthargique, où les personnages sont aussi hébétés que terrifiés. Le malaise ne s’éteint pas, comme un fantôme qui reste dans un coin de la tête, jusqu’au débordement surréel. Voilà un premier film prometteur, au stimulant minimalisme.

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par Nicolas Bardot

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