Festival de Locarno | Critique : Sew Torn

Barbara, couturière à domicile, se bat pour maintenir à flot sa boutique de tissus. Alors qu’elle est en quête de boutons pour une cliente, elle tombe sur un trafic de drogue qui a mal tourné. À la vue de motards gisant à terre, d’armes et d’une mallette, Barbara est tiraillée entre trois options : commettre le crime parfait, appeler la police ou s’enfuir.

Sew Torn
Etats-Unis, 1h35
De Freddy MacDonald

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

LA CROISÉE DES CHEMINS

Sew Torn a beau être une production américaine et anglophone, l’action se déroule intégralement dans un charmant petit village suisse. Le réalisateur Freddy McDonald connaît bien le pays puisqu’il a passé une partie de sa jeunesse à Zurich et l’on ressent à l’image son plaisir à mettre en valeur les paysages aux reliefs escarpés et majestueux. La nature est immense autour de Barbara la protagoniste, et pourtant son quotidien est de plus en plus exigu. La mercerie que lui a léguée sa mère, sorte de toile d’araignée faite de fils de laines colorées, n’attire plus les clients. Pour cette jeune adulte aussi timide et solitaire qu’une fillette, l’avenir est un angoissant point d’interrogation. C’est justement sur une route de montagne que celle-ci va se retrouver face à un carrefour décisif.

Freddy McDonald adapte ici son propre court métrage du même nom, élargissant le champ des possibles pour son héroïne plongée en pleine urgence. Le scénario va ainsi explorer différentes pistes et revenir en arrière à plusieurs reprises en fonction des différents choix opérés par Barbara face à l’opportunité roublarde qui lui tend les bras. Au moment d’élire quel ton employer pour ce récit tout en virages, McDonald semble lui aussi s’être dit « pourquoi ne pas explorer toutes les pistes ? ». Sew Torn est un film noir avec ses méchants menaçants, ses valises pleines d’argent et son trafic louche, mais c’est aussi une comédie avec ses couleurs pétaradantes et ses gags plus ou moins percutants.

Cet humour donne lieu aux meilleure scènes du film, mais aussi dans le même mouvement aux invraisemblances les moins crédibles : effacée à l’extrême, Barbara devient comme par magie experte en construction de pièges sortis d’une partie géante d’Attrap’souris. S’il n’est jamais prévisible, l’exercice scénaristique finit par manquer un peu d’aisance à force de revirements arbitraires et menace de ne pas tenir la longueur. L’ensemble demeure néanmoins joueur et accueillant, évoquant avec une indéniable similarité Cours, Lola, cours de Tom Tykwer.

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par Gregory Coutaut

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