Johan, un homosexuel de Copenhague, se délecte de la vie nocturne jusqu’à ce qu’il rencontre William, un homme trans.
Sauna
Danemark, 2025
De Mathias Broe
Durée : 1h45
Sortie : –
Note :
UN COEUR SIMPLE
Fraichement débarqué de sa campagne natale, Johan ne se fait pas prier au moment de profiter de tout ce que le capitale danoise peut offrir à un jeune homosexuel excité. Quand il ne drague pas en boîte ou qu’il ne fait pas défiler les profils sur des applis de rencontres, Johan bosse au sauna Adonis qu’il fréquente également en dehors de ses heures de travail, et vit même en colocation avec le patron des lieux. En dépit de ce quotidien plein de cul, Sauna demeure un film chaste où la nudité ne dépasse pas vraiment la paire de fesses. Le réalisateur Mathias Broe dépeint avec simplicité et sans jugement cette vie pas moins épanouissante qu’une autre. Détail notable : le geste a beau être relativement banal, dans combien de films gays a-t-on déjà vu un personnage utiliser une poire à lavement ?
La vie de Johan est chamboulée lorsqu’il rencontre William. Dans son désir précipité, Johan ne prend même pas le temps de lire sur le profil Grindr de William que ce dernier est trans. Ce quiproquo malaisant ne dure pas bien longtemps et n’empêche pas d’advenir ce qui ressemble fort à un coup de foudre mutuel. Le reste du scénario va d’ailleurs suivre un chemin fort traditionnel de film romantique: dispute, réconciliation et parenthèse enchantée à la plage qui vient trancher avec les intérieurs sombres des backrooms. Les surprises sont peu nombreuses, à la différence près que l’image est souvent baignée de mélancolie, comme si le film nous disait entre les lignes que ce conte de fée est peut-être top simple pour être vrai.
En s’attachant à un mec cis soudain troublé par un partenaire trans, plutôt qu’au vécu de ce dernier, Sauna choisit-il le protagoniste le plus intéressant ? Il faut pourtant dire qu’à force de dignité et d’absence de défauts, William se révèle être un personnage un peu trop lisse. Même après une agression, il pardonne et accueille. La naïveté de Johan, aveugle face à ses propres privilège, est une piste offrant plus de relief. Cette amertume-là aurait pu être poussée encore plus loin, mais le cinéaste Mathias Broe (dont le partenaire est lui-même en transition) privilégie un ton dramatique simple et tempéré rendant l’ensemble accessible.
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par Gregory Coutaut