Festival de San Sebastian | Critique : Roleless

Miyamatsu, qui travaille comme opérateur de téléphérique, est également figurant au cinéma. À travers ses différents personnages, il a vécu la vie d’un autre. Il se retrouve finalement face à lui-même et à sa propre vie, celle qu’il avait perdue.

Roleless
Japon, 2022
De Masahiko Sato, Yutaro Seki & Kentaro Hirase

Durée : 1h25

Sortie : –

Note :

ÉCRAN DE FUMÉE

Roleless est la première collaboration de trois cinéastes, Masahiko Sato, Yutaro Seki et Kentaro Hirase. Ce long métrage à six mains est d’abord assez insaisissable : on croit entrer dans un film historique mais c’est un leurre – le héros, Miyamatsu, l’indique à une assistante pas du tout costumée : « je suis un figurant ». La caméra est alors invisible et le film semble jouer sur une curieuse mise en abyme, avec ce protagoniste anonyme qui peut mourir sur un film de samouraï un jour, se relever, et mourir à nouveau dans un polar le lendemain.

La tension est à la comédie existentielle, centrée sur un antihéros qui, à côté des tournages, a un job alimentaire. Ce rôle est tenu avec charisme par Teruyuki Kagawa, visage familier du cinéma japonais contemporain qu’on a pu croiser entre autres chez Kiyoshi Kurosawa, Takashi Miike, Tetsuya Nakashima ou encore Miwa Nishikawa. Sa présence notable apporte un trouble supplémentaire au film : Miyamatsu, indubitablement protagoniste dans sa propre vie, n’est qu’une silhouette interchangeable au second plan dans les films où il apparaît.

Cet argument est prometteur mais Roleless, à nos yeux, ne tient pas ses promesses. A l’absurdité, les cinéastes préfèrent le sens, et le long métrage devient le récit laborieux d’une amnésie et de ses traumas. Le résultat devient à la fois très terre-à-terre mais aussi inconsistant. Le dénouement bifurque à nouveau, mais un peu tard, vers une étrangeté qu’on aurait aimé voir privilégiée.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article