SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE

Il est un âge où choisir ne serait-ce que son partenaire de danse ressemble à une insurmontable difficulté. C’est à cet âge – l’adolescence – que le Norvégien Martin Lund consacre son nouveau long métrage, intitulé Psychobitch. La psychobitch en question, c’est l'(anti-)héroïne de ce film, une gamine paria et solitaire, jugée folle et/ou infréquentable dans le cadre ultra-normé d’un lycée. De l’autre côté de la pyramide de popularité, Lund fait le portrait d’un garçon qui coche toutes les cases : il parle anglais comme Maggie Smith, il gagne toutes les coupes possibles de ses compétitions de ski de fond et, telle la pizza, tout le monde semble l’aimer.

Ces antagonistes paraissent trop clairement dessinés, mais la bonne idée de Lund est, tout au long de son film, de nuancer leurs positions en apparence très nettes. Ladite paria, par exemple, est en souffrance, mais elle est aussi la seule qui refuse les conventions et parvient à mener tout le monde selon sa partition. Le héros, pour sa part, suit de manière docile les règles écrites pour lui, quitte à effacer ses propres désirs.

Martin Lund observe cette confrontation avec tendresse. Si les choses font mal, si pour un ado tout est tragique et qu’on peut avoir envie d’en finir, les protagonistes de Psychobitch font les 400 coups sans que rien ne soit jamais bien méchant. Le réalisateur filme avec malice ce que les adultes peuvent ignorer, ce qui se passe dans leur dos, mais surtout la façon dont les cartes de l’adolescence peuvent être rebattues lorsque l’on cesse d’appliquer ce que le groupe peut exiger de l’individu. Pour un film s’adressant avant tout à un public jeune, Psychobitch (qui prend un peu trop son temps) fait preuve d’une pédagogie plutôt subtile et de demi-teintes bienvenues.

>>> Psychobitch est visible en vod sur UniversCiné

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