Une jeune Suédoise de 20 ans arrive à Los Angeles dans le but de faire carrière dans l’industrie du porno. Sa détermination et son ambition la propulsent au sommet d’un monde où le plaisir cède vite la place au risque et à la toxicité.
Pleasure
Suède, 2021
De Ninja Thyberg
Durée : 1h49
Sortie : 20/10/2021 (en salles) 10/11/2023 (sur Mubi)
Note :
PLAISIRS IMPOLIS
« C’est pour le travail ou pour le plaisir ? » : voilà le choix qu’on propose à Linnéa, à la douane, lorsque celle-ci débarque à Los Angeles. L’un et l’autre sont censés s’exclure mais Linnéa n’est pas du genre à faire des concessions, surtout pour réaliser son rêve : devenir la grande star du porno. C’est un univers que la réalisatrice suédoise Ninja Thyberg a déjà exploré dans son court métrage lui aussi nommé Pleasure. Le film restait dans les coulisses d’un tournage, mais il arborait déjà les séduisantes couleurs rose bonbon que l’on retrouve dans ce long – rose comme une sucrerie délicieuse et facilement consommable.
Tout n’est pas si facile et Thyberg décrit un monde étranger avec ses codes et ses castes. Avec ses leçons à retenir et ses chorégraphies à maîtriser. La cinéaste a fait un long travail de recherche pour que le long métrage soit aussi authentique que possible. Il est en tout cas crédible, vu à travers les yeux de cette héroïne qui vient de loin et qui découvre cet univers. Ninja Thyberg a l’excellente idée de ne jamais se poser en juge arbitre : Pleasure peut raconter l’émancipation et l’aliénation, le plaisir et la violence, la liberté et l’exploitation. Le film n’a pas nécessairement à choisir et compose un portrait nuancé et souvent surprenant.
L’une des clefs du succès de Pleasure, outre son découpage au laser, tient dans la performance assez ahurissante de son actrice principale, la débutante Sofia Kappel, qui offre à son personnage une détermination en même temps qu’un regard un peu hagard. Une force qui peut rompre, une capacité à se transformer – c’est une palette d’une richesse impressionnante. Le charisme rayonnant de l’actrice ainsi que l’approche singulière du réel (un réalisme très composé, un habillage très pop) font parfois décoller le film du strict univers du porno ; Pleasure semble s’inscrire dans la lignée de ces longs métrages sur le devenir déesse tels que Showgirls, The Neon Demon ou Vox Lux. Un fondu sur le visage de Linnéa et celui-ci occupe tout le ciel – car c’est pour elle la seule limite. Voilà un premier essai gonflé et passionnant.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot