Perla, une peintre douée, vit confortablement dans le Vienne du début des années 1980 lorsqu’elle reçoit un appel qui fait resurgir les fantômes de son passé dans la Tchécoslovaquie communiste.
Perla
Autriche, 2025
D’Alexandra Makarová
Durée : 1h48
Sortie : –
Note :
CIEL MON MARI
Perla n’est pas une maman comme les autres, c’est une maman cool. Certes c’est en partie parce que son âge est encore relativement tendre, mais il y a autre chose. Il y a comme un vent de liberté qui flotte sur le quotidien vif et rieur qu’elle partage avec sa fille. D’ailleurs quand cette dernière doit apprendre à jouer un air connu au piano, elle choisit Bronski Beat plutôt qu’un classique poussiéreux. L’action se déroule en effet au début des années 80, à Vienne, où les appartements et les cafés sont encore habillés de tentures rouges lourdes et solennelles. Avec une économie notable de dialogues, les scènes courtes s’enchainent rapidement. Perla traverse son quotidien bille en tête, répétant à qui veut l’entendre que « la subtilité, c’est pour les trouillards ». On dirait bien que l’avenir n’attend plus qu’elle. Or c’est son passé qui va resurgir à l’improviste.
Comme dans tout bon film parano, ce retour du refoulé va prendre la forme d’un coup de fil. On n’entend rien de ce qui se dit à l’autre bout du fil mais le visage glacé de Perla est éloquent. Ce passé, c’est la Tchécoslovaquie et son régime communiste, c’est également un mari et un père que Perla a fait passer pour morts aux yeux de tous. Pour cette production autrichienne, la réalisatrice d’origine tchèque Alexandra Makarová dit s’être inspirée de l’histoire de sa propre famille. Perla ne ressemble pourtant pas longtemps à un digne journal intime. Grâce à une direction artistique remarquablement soignée, un format d’image resserré et une musique inquiétante, ce portrait historique se retrouve paré d’une superbe atmosphère gothique et nerveuse, qui culmine dans un dernier acte aux scènes particulièrement fortes.
Mais derrière ces atours, Perla brille aussi par ses qualités d’écriture. Si le rythme général connait certes des pauses importantes, le scénario réserve quelques virages étonnants et donc précieux. Ceux-ci épousent l’imprévisibilité de son héroïne, capable d’être à la fois une mère courage tout en force et sagesse mais aussi la première ado nunuche venue prête à prendre n’importe quelle mauvaise décision par désir et égoïsme. En retrouvant le père de sa fille, Perla retrouve aussi une histoire nationale qu’elle aurait préféré oublier. La relation qu’elle entretien avec l’un comme l’autre est complexe, parfois toxique, comme s’il y avait des fantômes qu’on ne pouvait pas fuir même en changeant de nom, de ville et de vie.
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par Gregory Coutaut