Festival de La Roche-Sur-Yon | Critique : One Take Grace

Mothiba Grace Bapela, femme de ménage sud-africaine devenue actrice, se remémore ses expériences et ses combats.

One Take Grace
Afrique du Sud, 2021
De Lindiwe Matshikiza

Durée : 1h31

Sortie : –

Note :

NE COUPEZ PAS

One Take Grace est le premier long métrage de cinéma réalisé par l’artiste multidisciplinaire Lindiwe Matshikiza, basée en Afrique du Sud. Son film, lui-même, pioche dans plusieurs registres d’images et ce projet assez hors nomes, tourné en une dizaine d’années, résiste de manière plutôt intrigante aux définitions. Présenté en première mondiale à l’IDFA, ce film vient d’être dévoilé en première française au Festival de La Roche-Sur-Yon dans la compétition Nouvelles Vagues, qui met précisément en avant des œuvres singulières.

La vie de Mothiba Grace Bapela, sujet de ce documentaire, n’a, elle non plus, rien de commun. Matshikiza raconte sa trajectoire, de femme de ménage à actrice. Bapela se rend à une audition ici ou là, passant devant le visage de Whoopi Goldberg sur une affiche de Sarafina qui traine là. Le récit est un collage plus qu’une histoire linéaire, ce qui correspond aux tumultes traversés par l’héroïne. « Quand l’apartheid est tombé, qu’est-il arrivé aux familles ? », demande-t-on. Et quid de Mothiba, une invisible sur laquelle les objectifs de caméra se tournent désormais ?

« Je veux vous parler », nous dit Mothiba Grace Bapela. Le film propose une réflexion stimulante sur la narration, sur le regard, et la réappropriation de son propre récit. One Take Grace est réalisé par Lindiwe Matshikiza, mais on a parfois le sentiment de voir une collaboration. Qui dirige qui ? Mothiba Grace Bapela se retrouve d’ailleurs à diriger quelqu’un qui joue son rôle dans le long métrage. Les visages se superposent, la caméra semble entrer à l’intérieur de l’œil. L’expérimentation dans One Take Grace permet de questionner intelligemment les rôles sociaux – la façon dont ils sont distribués ou (péniblement) redistribués.

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par Nicolas Bardot

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