Festival de Bucheon | Critique : Oddity

Après le meurtre énigmatique de sa soeur jumelle, une jeune femme non voyante mène une enquête surnaturelle à l’aide de ses prétendus dons de médium et d’un étrange mannequin en bois.

Oddity
Irlande, 2024
De Damian Mc Carthy

Durée : 1h38

Sortie : –

Note :

ODDITY

Oddity s’ouvre sur une scène au suspens immédiatement efficace, où une femme se retrouve face à un choix impossible : en pleine nuit, un homme louche frappe à sa porte et lui conseille de sortir en urgence car un inconnu vient de pénétrer dans sa maison. Le danger se trouve-t-il dehors ou dans la maison ? Comment trancher ? Refuser de choisir est sans doute une option trop dangereuse pour cette protagoniste, c’est pourtant ce que le cinéaste et scénariste  irlandais Damian Mc Carthy fait de mieux.

Oddity, soit bizarrerie en anglais, le magasin de Darcy en est plein. Femme aveugle possédant le pouvoir surnaturel de lire les objets, elle collectionne les babioles étranges, maudites ou possédant de sombres secrets. Ce terme est un titre qui convient élégamment à ce film fantastique qu’on aurait justement du mal à ranger sur une seule étagère. Film de jumeaux, de maison hantée, de savant fou, de possession, de serial killer… le scénario intelligent de Mc Carthy parvient à évoquer toutes ces pistes tout en maintenant un récit cohérent et même relativement simple. Après tout, une bonne partie d’Oddity consiste en un huis-clos dans le noir avec à peine une petite poignée de personnages, accompagnés certes d’un très inquiétant mannequin en bois.

Certains scénarios collectionnent les rebondissement comme on roulerait des mécaniques, mais ce tour de train fantôme-là a la modestie de ne pas prétendre réinventer le concept du film d’horreur. L’efficacité discrète mais têtue d’Oddity trouve probablement son origine dans une écriture qui allie rouages narratifs inattendus avec des personnages fouillés, aux personnalités et comportements plus crédibles qu’ailleurs. Cette application et ce respect de l’intelligence du spectateurs payent, et contre toute attente, la meilleure preuve se trouve peut-être dans les jump scares utilisés ici. Au lieu de provoquer comme souvent un agacement trop facile, ces frissons soudains viennent ici traduire le plaisir efficace et contagieux qu’il y a à jouer à se faire peur. Cela peut paraitre simple, mais il en faut du savoir-faire, pour rendre la simplicité brillante.

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par Gregory Coutaut

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