Festival de Toronto | Critique : No Other Land

Basel Adra, un jeune militant palestinien de Masafer Yatta en Cisjordanie, se bat depuis l’enfance contre l’expulsion massive de sa communauté par l’occupation israélienne. Il documente l’éradication au ralenti des villages de sa région natale où les soldats déployés par le gouvernement israélien démolissent progressivement les maisons et chassent leurs habitants.

No Other Land
Palestine, 2024
De Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

L’AFFAIRE COLLECTIVE

Les images du conflit israélo-palestinien sont partout. Des journaux télés aux réseaux sociaux, l’ampleur du conflit et de ses ramifications internationales les ont rendues presque inévitables. A priori, les images qui composent No Other Land n’ont pas l’air si différentes, leur origine est pourtant radicalement unique puisqu’elles proviennent directement de l’intérieur des villages palestiniens vidés et rasés par l’armée israélienne. Ces images captées au fil des mois et des années par des téléphones et des caméras plus ou moins cachées sont ici compilées par un collectif de quatre cinéastes (trois hommes et une femme).

Parmi ces derniers, Basel Adra fait office de figure centrale. Les images personnelles qu’il a captées et conservées souvent au mépris d’un immense danger, servent ici de fil rouge à ce documentaire. Dans cette région où tout, même des villages vieux de plusieurs siècles, est peu à peu détruit afin d’être transformé en camp d’entrainement pour l’armée israélienne, où chaque jour une famille palestinienne doit faire face à un choix impossible (quitter les terres familiales ou bien endurer l’intolérable), compiler des archives vidéos devient un moyen de prouver l’appartenance à une région, de témoigner d’une Histoire collective. 

No Other Land est un documentaire à la forme délibérément brute, ce qui ne l’empêche pas de rester accessible, même si la violence de certaines situations n’est pas laissée hors-champ. La valeur de témoignage de ces images est d’une puissance indéniable. Et, au-delà de l’urgence de la situation, le film peut également se voir comme un acte de résistance artistique collective, car parmi les quatre cinéastes l’ayant coréalisé, deux sont palestiniens vivant en territoires occupés, les deux autres sont des citoyens israéliens libres et opposés à la guerre. Le film a obtenu le prix du meilleur documentaire à la dernière Berlinale.

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par Gregory Coutaut

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