Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.
My Sunshine
Japon, 2024
De Hiroshi Okuyama
Durée : 1h40
Sortie : 25/12/2024
Note :
MON RAYON DE SOLEIL, JE L’AI GARDÉ
Le cinéaste japonais Hiroshi Okuyama s’était fait repérer en 2018 avec son premier long métrage, réalisé à seulement 22 ans. Intitulé Jésus, ce récit d’apprentissage se concentrait autour d’un tout jeune protagoniste et de son ami imaginaire qui n’était autre que Jésus lui-même. Ce point de départ scénaristique avait beau être farfelu à souhait, Okuyama faisait pourtant le pari de le traiter avec une simplicité et une évidence étonnantes, arrondissant les angles jusqu’à aboutir à un résultat tout doux mais sans naïveté. C’est une formule similaire qui est à l’œuvre dans son nouveau long métrage, qui vient d’être présenté en première mondiale à Cannes en section un Certain Regard. My Sunshine a l’air gentil et câlin à l’excès, mais c’est peut-être justement là que se niche sa singularité.
A première vue, tout va bien en effet pour les personnages du film. Dès la première scène, le rituel viril d’une partie de sport collectif est interrompu par la chute poétique des tout premiers flocons de la saison et bientôt cette petite ville du nord de l’archipel va se retrouver recouverte de glace comme un village de conte de fée. Chaque problème potentiel rencontré par les héros est immédiatement déjoué par un scénario qui zigzague telle une patineuse entre les drames redoutés. Le jeune Takuya se révèle trop sensible pour le hockey et souhaite se mettre à la danse sur glace ? Contrairement aux attentes, ses parents sont d’accord et aucun camarade ne se moque de lui. Le coach Arakawa vit en couple avec un autre homme ? Ceci est amené et traité de façon particulièrement anti-événementielle. Que l’on se trouve dans une patinoire couverte ou sur un lac enneigé, tout est ici baigné dans la même lumière laiteuse (signée Okuyama lui-même) qui semble venir empêcher tous les malheurs possibles tel un doudou magique.
Or, Okuyama n’embrasse pas davantage les archétypes positifs potentiels de son récit, la rencontre coach/élève ne se transforme pas en « film de jeune sportif » tel qu’il en existe déjà plein. Faire un film sur la grâce qui unit des personnages qui vont bien n’est pas chose aisée et le revers de ce parti-pris est qu’on pourrait dire qu’il ne se passe pas énormément de choses ici. Sans trop en révéler, il faut attendre l’amorce du dernier tiers pour qu’un problème pointe le bout de son nez, mais là encore, celui-ci est rapidement désamorcé. On peut alors légitimement se demander quel est le sujet ou le but du film, derrière toutes ces caresses et gentillesses. La réponse, soulignée par la belle (et brève !) scène finale se trouve sans doute dans le talent d’Okuyama pour brosser des jeunes personnages en prise avec le relief et la complexité des liens humains.
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Gregory Coutaut