1981, Nicholas a 16 ans. Comme tous les jeunes blancs Sud-Africains de son âge, il doit accomplir son service militaire pendant deux ans. Durant cette période, le gouvernement sud-africain, blanc, raciste et ségrégationniste, mène une politique étrangère qui vise à combattre les communistes et « die swartgevaar » : « le danger noir ». Nicholas est envoyé sur le front au sud de l’Angola pour défendre le régime de l’apartheid. Il doit alors survivre tant aux horreurs de la guerre qu’à la brutalité de l’armée et de ses soldats…
Moffie
Afrique du Sud, 2019
De Oliver Hermanus
Durée : 1h48
Sortie : 07/07/2021
Note :
LES GARÇONS SAUVAGES
Dévoilé à la Mostra de Venise, Moffie du Sud-Africain Oliver Hermanus arrive dans les salles françaises après un riche parcours en festivals. Hermanus signe un film impressionnant qui explore des archétypes du récit d’apprentissage – ici avec Nicholas, un jeune héros encore dans le placard qui doit accomplir son service militaire. Moffie est un terme afrikaans insultant qui désigne les gays – et lorsque Nicholas est envoyé au front, ce sont différentes batailles qu’il va devoir mener.
Le long métrage raconte le lavage de cerveau masculiniste, les rituels virilistes débilisants. Des jeux idiots, mais aussi des jeu où l’on joue sa vie. Moffie dépeint une fabrique tordue de garçons où la brutalité est le seul moyen d’expression acceptable. Pour des jeunes gens comme Nicholas, il ne reste que la haine de soi, minutieusement inculquée et intériorisée.
Cette histoire pourrait avoir un air de déjà vu, mais Olivier Hermanus investit intelligemment ses interstices. Le propos n’est pas tant de comparer le racisme à l’homophobie sous une politique d’apartheid, mais d’illustrer comment l’un et l’autre découlent d’une même idéologie haineuse dans laquelle sont élevés les hommes. Hermanus rend son récit vibrant et sensoriel grâce à une mise en scène orageuse, étouffante, moite, d’une grande intensité. Voilà un portrait puissant, un profond voyage intérieur qu’on n’oublie pas.
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par Nicolas Bardot