Critique : Memory Box

Montréal, le jour de Noël, Maia et sa fille, Alex, reçoivent un mystérieux colis en provenance de Beyrouth. Ce sont des cahiers, des cassettes et des photographies, toute une correspondance, que Maia, de 13 à 18 ans, a envoyé de Beyrouth à sa meilleure amie partie à Paris pour fuir la guerre civile. Maia refuse d’affronter ce passé mais Alex s’y plonge en cachette. Elle y découvre entre fantasme et réalité, l’adolescence tumultueuse et passionnée de sa mère dans les années 80 et des secrets bien gardés.

Memory Box
Liban, 2021
De Joana Hadjithomas & Khalil Joreige

Durée : 1h40

Sortie : 19/01/2022

Note :

JE VEUX VOIR

« J’ai envie de savoir » : cette réplique dite par l’une des protagonistes de Memory Box fait office de clin d’œil à l’un des précédents films du duo formé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige : Je veux voir avec Catherine Deneuve. Alex, elle aussi, veut voir : ce qui se cache dans la mystérieuse boite à souvenirs que sa mère vient de recevoir, et ce qu’il y a derrière les secrets familiaux enfouis au Liban. Memory Box se déroule aujourd’hui à Montréal, mais les souvenirs dont il est question remontent à la guerre du Liban, des années auparavant. Tandis qu’une neige épaisse qui dissimule tout s’est déposée sur la ville canadienne, la jeune Alex s’en va creuser dans la lointaine mémoire familiale.

Empruntés à la réalisatrice elle-même, les carnets qu’Alex feuillette avec attention s’adressent à sa meilleure amie d’alors, mais ils constituent aussi un long journal intime dont les images prennent vie. Que peuvent exprimer les vieilles images voilées, les défauts des photos argentiques ? C’est l’une des belles idées visuelles du film, avec ses personnages qui sortent du cadre pour s’animer, avec ces taches qui sur l’image éclatent comme des bombes dans le ciel. C’est lorsque la narration est menée par ces idées formelles que Memory Box est le plus réussi, comme lorsque les cinéastes filment leurs protagonistes poursuivis par un bombardement.

Le long métrage nous paraît beaucoup plus laborieux lors des scènes les plus écrites. L’accumulation de voix-off rend Memory Box très rigide : aux carnets qui expliquent s’ajoute la voix explicative de l’héroïne, qui demande des explications à sa mère qui elle-même se met à longuement expliquer : peu de films peuvent se relever d’une machinerie aussi lourde. Si le mélodrame de Memory Box est assez généreux, il flirte aussi régulièrement avec le cheesy. Il reste pourtant quelque chose de touchant dans ce récit de déracinement et de blessures enfouies, et de fantômes qui s’éveillent à travers des cassettes audios, des VHS, des listes de films vus dans les années 80 ou des photographies formant un flipbook. Ce puzzle familial dessine ce que la guerre emmène avec elle, et ce qui s’éloigne à jamais.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article