Francisco voit son frère mourir d’un accident sur le chantier où ils travaillaient ensemble. N‘obtenant aucun dédommagement du propriétaire, Francisco invente une façon inédite de se venger de lui.
Mano de obra
Mexique, 2019
De David Zonana
Durée : 1h23
Sortie : 19/08/2020
Note :
JE RENTRE A LA MAISON
A qui appartient une maison ? La réponse est simple et évidente. A qui appartient une maison abandonnée ? C’est déjà plus complexe. A qui appartient une maison neuve tant qu’elle n’est pas encore prête d’être occupée par ses propriétaires, et tant que l’équipe des travaux demeure sur place nuit et jour pour respecter les délais ? Les meilleures scènes de Mano de obra sont celles qui nous laissent en suspens sur ce drôle de doute. Par des cadrages rigoureux, par la place laissée au silence, par sa science du hors-champ, la seule mise en scène de ces quelques matelas de fortune et casques de chantier dans un intérieur au luxe minimaliste raconte bien des choses.
Mano de obra commence pourtant par un scène-choc, un événement brutal qui va forcer le protagoniste à remettre en question sa loyauté envers le propriétaire et son patron. L’air de rien, derrière le silence des couloirs vides et blancs de cette demeure trop imposante, le mécanisme tragique de la vengeance se met en marche. Premier long métrage du Mexicain David Zoana, Mano de obra est produit par Michel Franco. Le film n’emprunte néanmoins pas tout à fait la route parfois éprouvante du réalisateur de Despuès de Lucia. L’ensemble avance à petit pas sur un équilibre sobre entre empathie et tension, quitte à perdre un peu de cette dernière en cours de route, mais tricote quelque chose d’étonnant.
S’il y avait un parallèle à chercher pour cette métaphore politique, il serait plutôt à trouver du coté de Parasite de Bong Joon-Ho. Avec un langage cinématographique plus modeste et un ton plus austère, Mano de obra pose lui aussi la question du vampirisme social, et dans une deuxième partie, tente également une utopie anarchiste de poche. Un petit château de carte bâti sur une saine colère.
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par Gregory Coutaut