Rico passe son été à courir après les filles et à vendre de cocktails faits maison dans une glacière sur la plage. Mais lorsque les circonstances obligent sa petite amie adolescente Destiny à emménager avec sa famille, ses jours d’insouciance prennent fin.
Mad Bills to Pay
Etats-Unis, 2025
De Joel Alfonso Vargas
Durée : 1h41
Sortie : –
Note :
FINIES LES VACANCES
Sur la plage d’Orchard Beach dans le Bronx, tout le monde aime Rico. Ses cocktails maison vendus à la sauvette se vendent comme des petits pains et ils récolte des sourires éméchés partout sur son passage. Voilà du moins ce que nous montre la séquence d’ouverture de Mad Bills to Pay, mais s’agit-il vraiment de la réalité? Ce que la suite vient nuancer avec un sens du timing mordant, c’est que le peu d’argent que Rico récolte en trainant sa glacière dans le sable, il le redépense illico en alcool qu’il pisse et rote dans la rue dans un même geste, et que dès qu’il remet les pieds chez lui, sa mère et sa sœur sont là pour lui rappeler la vérité : Rico est un bon à rien, un vrai boulet.
Lorsque Rico apprend à ces dernières qu’il va être père, mère et sœur réagissent de façon différente mais avec la même consternation. A peine ont-elles fini de s’époumoner sur ce grand dadais immature qui se rêve en daddy cool que, ding dong, débarque la copine enceinte avec ses valises. Ah oui, et cette dernière n’a que 16 ans. L’amour aura-t-il raison de tout ? Encore faudrait-il que ces deux ados mollassons aient la moindre chose à se dire.
Avec toutes les embrouilles et les illusions qu’il se coltine, avec le slalom titubant qu’il opère entre raison naissante et irresponsabilité débile, Rico pourrait être un personnage de Sean Baker, mais le cinéaste américain Joel Alfonso Vargas possède un ton bien à lui, mélangeant la moquerie à quelque chose de plus amer et méchant sans jamais aller trop loin. En adaptant directement son court métrage Que te vaya bonito, Rico (primé l’an dernier à Locarno), Vargas parvient à dépeindre dans un même geste rare les dimensions pathétiques et attachantes de son protagoniste, sans que l’une n’excuse l’autre.
En plus de cette finesse d’écriture, Mad Bills to Pay témoigne aussi d’un sens plastique épatant. Vargas fait preuve d’un appétit contagieux au moment de filmer les décors ensoleillés de cette banlieue balnéaire sur laquelle plane la mouise. Alors même que le film n’est composé que de plans fixes, l’ensemble se révèle particulièrement dynamique. C’est bien sûr grâce aux interprètes mais aussi grâce à un travail sur la profondeur de champ qui vient dynamiser l’image, tout comme la composition des cadres, qui englobe tout le ciel bleu en laissant un espace inattendu au-dessus de la tête des personnages. Ces partis-pris riches de personnalité contribuent à faire de Mad Bills to Pay une découverte excitante, la meilleure faite à Sundance cette année.
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par Gregory Coutaut