Festival de Karlovy Vary | Critique : Loveable

Alors que Sigmund est toujours en voyage d’affaires, Maria jongle entre sa carrière, la garde d’enfants et la gestion de la maison. Leur union a toujours été faite d’amour et d’harmonie mais des années de vie conjugale ont commencé à faire apparaître des fissures. Sigmund demande le divorce et Maria est forcée d’affronter ses plus grandes peurs.  

Loveable
Norvège, 2024
De Lilja Ingolfsdottir

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

BIEN AIMABLE

Maria est fatiguée, donc Maria perd patience et se met en colère. Parfois. Trop souvent ? Il faut dire qu’il y a de quoi se sentir essorée, entre un ex-mari démissionnaire, un jeune fils très énergique et une ado rebelle qui, quand Maria veut lui faire un poutou, ne trouve rien de mieux à dire que « tu pues de la gueule ». Maria a bien mérité le droit d’exprimer son ras le bol, mais quand son nouveau conjoint (beau, drôle et patient comme le prince charmant, sa bouée de secours zen dans un quotidien chahuté) lui demande le divorce à son tour et lui suggère, dans le même souffle, de s’inscrire à un atelier pour apprendre à gérer sa colère, Maria n’a même plus de courroux à exprimer, elle est juste sidérée et abattue. Puis finalement la colère revient.

Premier long métrage de la réalisatrice norvégienne Lilja Ingolfsdottir, Loveable est un drame élégant tout ce qu’il y’a de plus scandinave. On y verbalise des névroses dans des pulls en laine et des intérieurs boisés. Visuellement, le film semble partager la même lumière que bien des longs métrages venus du nord de l’Europe. On pourrait sans doute extraire n’importe quelle scène au hasard de Loveable, celle-ci aurait l’air typiquement nordique . Comble, le film utilise la chanson Ne me quitte pas, exactement comme dans le tout récent film d’horreur norvégien Handling the Undead. C’est la limite du film, qui manque un peu de personnalité propre dans sa première moitié où s’enchaînent les disputes de couple. C’est aussi un confort, car la cinéaste partage avec ses compatriotes et voisins un savoir-faire au moment de brosser un portrait psychologique plutôt fin, mais il faut pour cela attendre plutôt la deuxième moitié du film, dont le relief est plus inattendu.

Pourquoi Maria est-elle autant en colère ? A qui en veut elle ? Le réalisatrice ne quitte pas son héroïne d’une semelle, même si celle-ci n’est pas facilement aimable (ce que l’actrice Helga Guren parvient très bien à retranscrire) De séances de thérapie en règlements de comptes familiaux, le film oblige Maria à aller jusqu’au bout de l’angoissante question, même jusqu’à l’inconfort et l’impudeur. Loveable troque alors ses atours un peu lisse de catalogue de décoration pour couples désunis (quand la mère de Maria lui dit « aie un peu le sens de l’humour », c’est quel degré d’ironie ?) pour composer un portrait amer et angoissé à la fois. Le film perd alors un peu de sa dignité et se salit les mains en allant fouiller un peu plus loin derrière l’angoisse de la vie familiale, tant mieux.

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par Gregory Coutaut

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