Critique : Louxor

Quand Hana, britannique qui travaille dans l’humanitaire, revient à Luxor, elle croise Sultan, archéologue de talent et ancien amant. Alors qu’elle erre dans cette vieille ville, hantée par les souvenirs familiers, elle s’efforce de concilier choix du passé et incertitude du présent.

Louxor
Égypte / Royaume-Uni, 2020
De Zeina Durra

Durée : 1h27

Sortie : 21/07/2021

Note :

LE SECRET DE LA PYRAMIDE

Comme son titre l’indique, le second long métrage de la Britannique Zeina Durra se déroule à Louxor. De quoi éveiller tout un imaginaire – mais cet imaginaire est-il aussi riche que cela ? Lorsque l’héroïne, Hana, partage un verre avec un homme qui a déjà trop bu, Louxor semble pour ce dernier se limiter à un vague souvenir d’Agatha Christie. Ce n’est pas forcément le premier sujet de ce long métrage, mais Durra parvient assez finement à interroger le regard des Blancs sur l’Égypte.

L’Égypte, en tout cas, est un écrin parfait pour les métaphores explorées par le film. Le pays semble perçu comme un élégant cimetière, figé à jamais dans un passé enfoui. Mais il reste bel et bien quelque chose de vivant ici : il y a une énergie qui envoûte, qui fait s’évanouir et, dit-on, des siècles d’émotions intenses s’y sont déroulés. Dans Louxor, on étudie l’égyptologie comme on étudierait l’esprit. La ville et son histoire, aussi fascinantes soient-elles, servent de prétexte ici, presque comme un MacGuffin mettant en valeur le portrait féminin.

Les murs racontent beaucoup de choses dans Louxor. Ce sont des peintures que l’héroïne regarde fascinée, ce sont aussi des miroirs du passé. Durra laisse de la place aux déambulations solitaires d’Hana dont le passé est fait d’ellipses et d’indices. Il y a des choses dites, des choses tues – l’idée du film est d’ailleurs venue à la réalisatrice dans l’un de ses rêves. Hana est décrite avec une remarquable richesse émotionnelle, servie par une Andrea Riseborough encore une fois formidable, et dont l’interprétation n’est pas sans humour. Dans Louxor, on cite l’Italien Antonio Gramsci : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Zeina Durra examine subtilement ce clair-obscur dans son récit introspectif, guettant le moment où Hana trouvera sa propre chorégraphie intime.

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par Nicolas Bardot

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