Busan 2019 | Critique : Light for the Youth

Un jeune homme idéaliste travaille dans un call center. Et il a bien du mal à se faire aux méthodes impitoyables de sa boite et notamment celles de sa supérieure hiérarchique…

Light for the Youth
Corée du Sud, 2019
De Shin Su-Won

Durée : 1h54

Sortie : –

Note :

LUMIÈRE SILENCIEUSE

Light for the Youth, titre du nouveau film de la Coréenne Shin Su-Won, pourrait également correspondre aux précédents longs métrages de la cinéaste. Qu’il s’agisse du lycée de Suneung (sorti chez nous en 2014), de l’hôpital de Madonna (passé par Cannes) ou de l’entreprise de ce dernier film, Shin observe une jeunesse qui a bien du mal à ne pas se laisser broyer par le système. Une lumière oui mais laquelle ? Light for the Youth s’ouvre sur la lumière blafarde d’un centre d’appel duquel les employés passent des coups de fil afin de récupérer de l’argent de la part de leurs interlocuteurs. C’est un open space très surveillé, jusqu’aux toilettes, où le cynisme le plus impitoyable règne.

On propose aux jeunes employés exploités d’y voir un jeu, mais difficile de jouer un rôle dans cette machine à détruire. Dans Light for the Youth, on observe lors d’une scène un poulpe qui tente de rester vivant, tassé au fond d’un verre d’alcool dans lequel on a mis le feu. Shin filme le décor du film en silence, avec une atmosphère glaciale. C’est, comme le suggère une sous-intrigue du long métrage, comme un escape game mais qu’on aurait privé de toute dimension ludique. La réalisatrice examine le système dans sa complexité en exposant également les pressions exercées sur l’héroïne du long métrage, une femme plus mûre qui ne semble avoir aucune difficulté à torturer ses jeunes employés.

Comme souvent chez la réalisatrice, Light For the Youth a une structure un peu étrange et qui ne semble pas parfaitement fluide. C’est un défaut narratif, mais le décrochage dans la seconde partie du film lui donne aussi un trouble et une étrangeté qu’on n’avait pas anticipés. Shin Su-Won parvient à captiver avec assez peu d’effets. « J’adore le mélange de genre, nuancer le réalisme par différents tons » commentait la cinéaste, ce qui est à nouveau assez réussi ici.

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par Nicolas Bardot

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