Jeune enseignante, Juci tente de changer les méthodes datées employées dans son école, tandis que Palkó, nouvel élève récemment arrivé de l’étranger, se bat pour s’adapter aux exigences de ce système éducatif. Leurs histoires personnelles donnent à voir un système oppressif, à l’image de la société hongroise.
Lesson Learned
Hongrie, 2024
De Bálint Szimler
Durée : 1h59
Sortie : –
Note :
À BONNE ÉCOLE
La vie quotidienne dans l’enceinte d’une école comme symbole du vivre-ensemble et des problèmes de société : la métaphore est habituelle et souvent présente sur les grands comme les petits écrans. Elle est particulièrement présente dans le récent paysage cinématographique hongrois puisque rien que ces derniers mois, on a déjà pu découvrir les brillants récits d’injustice de L’Affaire Abel Trem ou Without Air. Mais dans le cas de ce pays-là en particulier, il s’agit de quelque chose de plus concret qu’une simple figure de style : depuis des années, le gouvernement conservateur de Viktor Orbán a en effet enchainé les mesures sociales méprisantes ciblant particulièrement le milieu éducatif, ce qui a conduit à mouvement de grève massif en 2023.
L’action se déroule dans une école lambda, dans une ville qui n’est jamais clairement précisée mais qu’on devine suffisamment modeste pour que tout le monde s’y connaisse et repère dès le premier jour de la rentrée les deux nouveaux arrivants. C’est facile, ce sont les seuls à ne pas connaître les paroles de l’hymne absurde (« C’est super d’être enfin de retour à l’école ») que profs et élèves doivent chanter à l’unisson et avec conviction. Il s’agit de Palkó, gamin taiseux dont les parents viennent de déménager, et Juci, toute jeune professeure remplaçante. Ni l’un ni l’autre ne font pourtant exactement figure d’unique protagoniste. Si Lesson Learned sait faire preuve de suffisamment de tension pour remplir ses deux heures, il s’agit moins d’un éprouvant suspens que d’une immersion pragmatique et collective dans un système ou plus rien ne fonctionne.
Le cinéaste hongrois Bálint Szimler signe ici son premier film de fiction et parvient à trouver un équilibre efficace entre observation et nervosité. Il sait doser avec justesse les symboles (une fenêtre impossible à réparer) ou les doses d’humour méchant (la première phrase du film est « Bienvenue en Hongrie »), voire les deux en même temps (des gamines qui s’évanouissent dans l’indifférence). Lesson Learned cherche moins à être original qu’à coller à un réalisme accessible, quitte à ce que sa mise en image manque parfois de personnalité, mais l’ensemble est mené avec suffisamment de savoir-faire pour être une petite réussite.
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par Gregory Coutaut