COMME DES REINES

La Sirène à barbe est un cabaret drag qui se situe à Dieppe, en Normandie. Les Français Nicolas Engel et Nicolas Birkenstock font le portrait de ce lieu ainsi que de celles et ceux l’animent dans leur documentaire Les Sirènes de Dieppe. Faire vivre un cabaret, proposer des numéros et entrer gracieusement dans une robe à sequins ne sont pas toujours les tâches les plus aisées et les cinéastes nous dépeignent de manière attachante le quotidien de cette troupe.

Affres de la compta et des résas, insondable fouillis dans le tiroir à maquillage au moment de la transformation, Les Sirènes raconte les petits aléas de tous les jours mais sait aussi donner une image plus ample de ce qui se trame autour du cabaret. Celui-ci n’est pas caché dans la périphérie de la ville mais il est en son cœur, au même titre que le marché, la banque et le kebab. Dans l’actuel climat d’homophobie, il y a une dimension politique à avoir une telle adresse queer au centre de la commune. Les Sirènes de Dieppe n’édulcore pas la violence homophobe, entre le récit d’une agression brutale et la tentative d’incendie criminel par un facho du coin.

Si les numéros sont queer, le public ne l’est pas nécessairement dans Les Sirènes de Dieppe. Engel et Birkenstock dessinent de façon chaleureuse un lieu inclusif tandis que les numéros old school sont joués pour la caméra. Le large public auquel le cabaret s’adresse correspond aussi au large public à qui ce documentaire sans condescendance ni pittoresque peut se destiner.

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