MÉMOIRES ET CONFESSIONS

Les Chatouilles est le premier long métrage de Andréa Bescond (accompagnée à la réalisation par Éric Métayer), mais ce premier essai ne sort pas de nulle part. Le film est adapté du seule en scène de Bescond, joué plusieurs centaines de fois et qui a remporté un Molière en 2016. Le sujet (une fillette est victime de violences pédophiles) est particulièrement délicat, et les deux cinéastes parviennent à le traiter de façon plutôt inattendue.

Il y a dans Les Chatouilles un ton à la fois très vivant et parfaitement glaçant, qui emprunte à la comédie comme au drame. Le film charge parfois beaucoup, certes, mais on peut préférer le trop-plein et les films qui débordent aux films qui n’ont aucune chance de déborder de quoi que ce soit. Il y a dans Les Chatouilles une puissance cathartique qui rappelle le cinéma de Maïwenn – du cinéma qui peut crisper mais qui a le mérite de ne jamais s’arrêter à mi-chemin.

Le film fait le portrait éclaté de l’héroïne, incarnée par Andréa Bescond elle-même, et reconstitue ce que la réalisatrice-actrice décrit comme le « puzzle de la mémoire traumatique ». Les Chatouilles propose un portrait familial complexe et sans trop de réconfortantes concessions. Il peut s’appuyer sur un casting très convaincant, notamment pour jouer des personnages ambigus (de Pierre Deladonchamps à Karin Viard). La mécanique est parfois un peu lourde (comme lors de ces séquences de psy qui plaquent un peu trop de commentaires sur l’action), mais ce premier long métrage n’est pas retenu par la peur ni par un désir de rentrer dans les cases – c’est un atout qui n’est pas commun à tant de premières réalisations.

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