Du Paris de l’après-Charlie aux élections présidentielles; une traversée nocturne aux côtés de jeunes qui ne dorment pas : leurs rêves, leurs cauchemars, l’ivresse, la douceur, l’ennui, les larmes, la teuf, le taf, les terrasses, les vitrines, les pavés, les parents, le désir, l’avenir, l’amnésie, 2015, 2016, 2017 : l’époque.
L’Époque
France, 2018
De Matthieu Bareyre
Durée : 1h34
Sortie : 17/04/2019
Note :
LE TEMPS QUI COURT
« Par quoi je commence ? » – c’est en effet un vaste programme que suggère le titre du premier long métrage du Français Matthieu Bareyre : L’Époque. Ce documentaire dans le Paris post-Charlie a été tourné de 2015 à 2017. « J’ai fait ce film dans une urgence permanente qui a duré trois ans », commente le jeune cinéaste, pointant à la fois le paradoxe du projet et le paradoxe politique de l’état d’urgence permanent.
Pour saisir l’époque, Bareyre a entre autres utilisé la loupe de Nuit debout, écumant la Place de la République pour y croiser toutes sortes d’interlocuteurs. « Je rêvais d’un film lyrique où des sentiments très opposés se succèderaient sans transition », dit-il, et les voix se succèdent dans ce documentaire à la dimension polyphonique. On parle des rêves de la jeunesse dorée tandis que la jeunesse insoumise disserte en faisant de la balançoire. Des garçons des cités ici, des minets BCBG là. Les soirées beauf, les gamins bourrés, les têtes à claques. Et les plus exclus, comme cette voix précieuse et abimée, tandis qu’à quelques pas de l’Arc de Triomphe, une femme de ménage passe l’aspi au Séphora des Champs.
Le film, inévitablement, est inégal. Mais ce long métrage de nuit mesure à quel point il peut faire noir au pays des lumières – anticipe t-il seulement qu’il fait encore plus noir aujourd’hui qu’à l’époque du tournage ? Matthieu Bareyre regarde avec attention ce que les murs ont à dire, et écoute ses interlocuteurs de tous milieux avec le même soin. Il y a des fulgurances et des maladresses. Mais « c’est pas mal, hein, de vouloir changer le monde ? »
>>> L’Epoque est visible en vod sur UniversCiné
| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot