Leonor Reyes était autrefois une figure du cinéma philippin – dans les années 80, elle était à l’origine de grands succès du cinéma d’action. Leonor a désormais du mal à payer ses factures. Lorsqu’elle découvre qu’une agence est à la recherche de scénarios, Leonor exhume un script inachevé. Mais suite à un accident, elle tombe dans le coma et se retrouve projetée dans son scénario…
Leonor Will Never Die
Philippines, 2022
De Martika Ramirez Escobar
Durée : 1h39
Sortie : –
Note :
LE FILM DONT VOUS ÊTES LE HÉROS
Qui est donc cette Leonor que le titre nous présente comme éternelle ? D’où sortirait-elle ce supposé super-pouvoir d’immortalité ? C’est pourtant une dame comme les autres, aux cheveux gris et à la mémoire plus forcément très fiable. Pas vraiment une super humaine, donc. D’ailleurs quand on la voit pour la première fois, la caméra est d’abord centrée sur ses pieds fatigués en train de monter péniblement sur une caisse au milieu d’une pièce, exactement comme si elle allait se pendre. Soudain la caméra change d’angle et révèle que, loin de se frotter à la mort, Leonor était juste en train de changer une ampoule.
Ainsi est lancé le ton iconoclaste de Leonor Will Never Die, premier long métrage de la cinéaste philippine Martika Ramirez Escobar. La fin de vie n’y est pas éludée (Leonor qui perd un peu la tête a besoin de l’assistance de son fils) mais l’ambiance est d’une absurdité bienveillante et chaleureuse. Quand Leonor risque bel et bien la mort, c’est à la façon d’un cartoon à la Bip Bip et Coyote puisqu’elle est par mégarde assommée par une télé que son voisin du dessus jette de colère à travers la fenêtre. Cet humour-là mériterait de prendre davantage de place au premier plan du film (qui manque un peu de nerf), il faut se contenter du plaisir de le voir re-débouler à intervalles réguliers, comme par exemple dans une scène incroyable où Leonor se fait repérer en pleine filature discrète… à cause de ses flatulences.
Leonor Will Never Die n’est pas une farce potache, et Leonor n’est pas qu’une mamie zinzin maladroite. Dans les années 80, elle était l’une des grandes scénariste du cinéma d’action philippin, un genre qu’elle regarde toujours avec gourmandise. Suite à ce coup de télé sur la tête, la voilà d’ailleurs projetée dans l’un des ses films fétiches, transformée en improbable héroïne d’action. Une idée en or, que le scénario a hélas du mal à transcender sur la longueur. Martika Ramirez Escobar offre ici un hommage méta, appliqué jusque dans la patine visuelle, le grain de l’image et le travail immersif sur le son. Souvent bancal, Leonor Will Never Die est aussi un film à la cinéphilie attachante.
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par Gregory Coutaut