Berlinale | Critique : Le Rendez-vous de l’été

Au cœur des Jeux Olympiques de Paris 2024, Blandine, 30 ans, est venue de Normandie pour assister aux compétitions de natation et retrouver une demi-sœur perdue de vue depuis 10 ans. Habituée au calme et à la solitude, Blandine découvre une ville bouillonnante dont elle n’a pas les codes. Au fil des jours, la jeune femme fait des rencontres, se perd, hésite, tente de (re)tisser des liens et de naviguer au cœur d’une ville enfiévrée par cet évènement hors normes.

Le Rendez-vous de l’été
France, 2025
De Valentine Cadic

Durée : 1h17

Sortie : prochainement

Note :

PARIS, TOUT CE QUE TU VEUX

Blandine fait partie des rares personnes qui envoient encore des lettres lorsqu’elle est en vacances, et Blandine ne trouve pas mieux que la Place de l’Étoile pour passer ses coups de fils à Paris. L’héroïne du Rendez-vous de l’été n’est pas vraiment comme les autres mais, en cet été parisien de 2024, elle est là pour la même raison que tout le monde : les Jeux Olympiques. Pour son premier long métrage, la Française Valentine Cadic s’est fondue dans un événement mondial pour raconter son histoire de poche.

Les JO ont été, plus ou moins, un moment de communion nationale – mais aussi mondiale. Blandine, venue soutenir sa nageuse préférée, est surtout seule. Valentine Cadic raconte son parcours d’abord 100% lose à travers une comédie qui parvient avec finesse à ne pas être cruelle vis-à-vis de son héroïne candide. Blandine a l’air inadaptée, elle semble toujours un peu à côté – qu’il s’agisse de monter sur la Tour Eiffel ou voir une épreuve des JO. Mais, portée par l’interprétation formidable de Blandine Madec, cette protagoniste devient de plus en plus riche. C’est un personnage qui subit, c’est aussi un personnage qui choisit. Blandine a l’air seule, a fortiori dans une telle foule, mais Blandine joue sa propre musique.

De Guillaume Brac à Éric Rohmer en passant par Jacques Rozier, Le Rendez-vous de l’été évoque toute une famille tendre du cinéma français. Cadic superpose rire et tristesse avec un talent prometteur – l’écriture comme l’interprétation impeccable donnent beaucoup d’humanité aux personnages, aux liens qui les unissent ou les séparent. Le film évite les formules mièvres et à vrai dire, cette héroïne unique en son genre crée une imprévisibilité qui offre un relief inattendu au long métrage.

Le Rendez-vous de l’été est également superbe visuellement. C’est le feu d’artifice coloré des JO (dont le film n’est pas non plus un spot de pub), c’est aussi grâce à la mise en scène soignée de Cadic. La lumière estivale, les longues nuits d’été, ce Paris qui au balcon semble à portée de main : Le Rendez-vous est un très beau film sur la capitale. Qui, au fil du film, regarde réellement les JO ? Cadic raconte avec grâce la vie qui se déploie autour – parfois plus à côté qu’autour. Blandine, qu’on prend d’abord pour une Bécassine nunuche, en est le cœur battant. A la fois simple et plus complexe qu’on ne le croit. Comme lui dit innocemment sa sœur, la comparant à un bijou : « c’est transparent et opaque, ça m’a fait penser à toi ».

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par Nicolas Bardot

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